Je me revois le 15 juillet dernier, allant sur le port chercher les deux gros cartons qui venaient d'arriver sur l'île par la barge. Une bonne quinzaine de kilos de bouquins. Sept mois et demi après, à 13h20, après avoir tapé mon login et mon mot de passe sur l'ordinateur, je lis :
Flight Planning : 90,7 %
Principles of Flight : 95,5 %
Je viens de valider les deux derniers certifs de mon ATPL, passés ce matin. Ayé, je suis ATPLisé !
Un avion passe dans le ciel de Bruxelles, et en regardant son sillage, je me revois assis dans mon jardin, au soleil, lunettes de soleil sur le nez, un classeur Bristol sur les genoux, à bosser l'ATPL... Souvent, un avion aperçu du coin de l'oeil me faisait lever la tête et interrompre mon travail le temps de le regarder passer. Et la vue de cet avion me survolant de bien haut me redonnait la motivation pour replonger dans le classeur.
En juin dernier, devant la nécessité de supprimer quelques postes dans la boîte que j'avais créée il y a quelques années avec des amis, je saisis l'opportunité pour quitter un boulot dans lequel je commençais à tourner en rond. J'en profite pour revendre les parts de la boîte qui me restent. Que faire, maintenant ? La relecture d'un vieux mail de colibris racontant comme il est passé du DR400 à l'Airbus fait remonter ce regret de ne jamais avoir fait, et cette envie de faire.
En 2003 ou 2004, déjà, j'avais demandé à Mermoz un dossier d'inscription, que je n'avais jamais renvoyé. Sans doute un peu le complexe d'infériorité de l'ancien lycéen de 1ère et Terminale B, qui avait l'impression qu'il ne serait pas à niveau.
Mais là, nous sommes en juin 2008, et j'ai à la fois du temps devant moi, et, grâce à la vente de mes actions, à peu près ce qu'il faudrait pour me payer la formation sans avoir à emprunter. Et je me dis que c'est maintenant, ou jamais. Jamais ? Non. Ce sera donc maintenant. J'en discute avec un pote OPL sur MSN, me faisant l'avocat du diable et lui objectant toutes les bonnes raisons de ne pas le faire. Je suis déjà décidé, mais ses réponses me confortent. J'y vais !
Je tombe alors sur une citation de Theodore Roosevelt, le 26e président des Etats-Unis, qui a dit : "It is hard to fail, but it is worse never to have tried to succeed."
Et je regarde pour la deuxième fois la dernière conférence de Randy Pausvh, "Achieving Your Childhood Dreams", notamment ce passage dans lequel il dit : "But remember, the brick walls are there for a reason. Alright? The brick walls are not there to keep us out. The brick walls are there to give us a chance to show how badly we want something. Because the brick walls are there to stop the people who don’t want it badly enough. They’re there to stop the other people." Ce n'est pas moi qu'elles arrêteront, ces briques !
(Pour ceux qui ne l'ont pas vue, cette conférence est absolument à voir : https://www.youtube.com/watch?v=ji5_MqicxSo Randy Pausch est mort 10 mois après cette conférence.)
La décision était donc prise, et trois semaines plus tard, arrivaient sur mon île les classeurs Bristol. Un mois et demi de découverte des bouquins, à un rythme de vacances. Et puis, le 1er septembre, je m'y mets sérieusement.
Fin novembre et début décembre, je prends le Thalys pour Bruxelles pour y faire les deux semaines de stage de révision chez Hubair, en compagnie d'autres étudiants de tous âges (mais majoritairement de 27/28 ans et plus) et de toutes nationalités. Il y a des Belges, bien sûr, des Français, mais aussi un Italien, un Anglais, un Autrichien, ou encore un Sud-Africain.
En février, retour sur Bruxelles pour passer les 14 certifs, en une fois, sur quatre journées étalées sur 10 jours. Ambitieux, me diront certains. Trop peut-être, puisque j'en rate deux. Mais j'en réussi donc 12, et j'ai le sentiment que le plus gros de l'ATPL est derrière moi. Gros boulot sur les deux matières ratées, et notamment en méca vol, une des matières les plus difficiles pour moi (1ère et Terminale B, suivies de Sciences Po, ça prépare moins à comprendre la méca vol que 1ère et Terminale S suivies d'une école d'ingénieur !). Et ce mardi, je les repasse avec un succès qui m'étonne quand je lis les résultats sur l'ordinateur. Le boulot a payé !
Je ne suis pas trop mécontent de moi, puisque sur les 14 matières, j'ai une moyenne de 90% de bonnes réponses.
J'ai passé la Grand Place, et je passe devant le Maneken Pis, devant lequel se font photographier les touristes. Dans une heure, je serai dans le Thalys, et ce sera la fin de l'étape belge de ma formation. Je pense aux amis, dont plusieurs colibris, qui m'ont aidé et soutenu dans les quelques moments de découragement. Aux colibucheurs dont la lecture des mails motive. Et aux deux amis qui viennent de se lancer dans l'ATPL voici quelques jours, et que, à mon tour, j'ai déjà commencé à aider un peu en répondant aux questions et en donnant des conseils. C'est chouette, après avoir été aidé, de pouvoir à son tour donner un coup de main aux suivants. belle solidarité aéro !
A la fin de la semaine, cap sur l'Angleterre où je vais commencer le CPL IR. Ce lundi 6 avril, nous serons trois à commencer notre MEP en même temps. J'ai hâte de commencer la pratique, conscient que ce ne sera pas facile, mais infiniment plus agréable qu'être plongé dans les bouquins à longueur de journée !
Olivier