Un succès très attendu. La fusée Ariane-5 dans sa version capable d'emporter dix tonnes à son bord a placé sur orbite les satellites de télécommunications américain Spaceway-2 et indonésien Telkom-2 dans la nuit de mercredi à jeudi au cours de sa troisième mission, un lancement reporté à deux reprises la semaine dernière.
La "version lourde" d'Ariane-5 fait ainsi ses preuves avec ce deuxième succès en plaçant sur orbite plus de huit tonnes, un record pour les fusées Ariane. Le premier tir d'Ariane-5 "dix tonnes", en décembre 2002, s'était soldé par un échec.
Le ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, en charge de l'Espace, François Goulard, s'est félicité de la réussite de ce lancement. "Ce succès confirme de manière éclatante le retour en vol d'Ariane 5, dans sa version 10 tonnes, après la réussite du vol de qualification le 12 février dernier", a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé par ses services.
Le décollage de la fusée -une Ariane-5 ECA ou Ariane-5 "dix tonnes"- a eu lieu depuis la base de Kourou en Guyane française jeudi à 0h46 heure de Paris (mercredi soir à 20h46 heure locale, 23h46 TU).
Les deux satellites qui se trouvaient à bord -soit une charge utile de plus de 8 tonnes au décollage- avaient été placés sur l'orbite visée 33 minutes et 15 secondes plus tard comme prévu.
Il s'agissait du quatrième lancement d'une fusée Ariane-5 cette année, et du deuxième d'une Ariane-5 ECA, version la plus puissante des Ariane-5 et des lanceurs commerciaux de satellites à travers le monde.
C'était aussi la 168e mission d'un lanceur Ariane depuis leur mise en service en décembre 1979.
Initialement prévu dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, ce tir a été reporté une première fois de 48 heures pour effectuer des "vérifications complémentaires", puis une deuxième fois samedi soir quelques heures avant le décollage sans qu'une nouvelle date n'ait été immédiatement fixée, cette fois en raison d'une "difficulté intervenue dans la mise en oeuvre du lanceur", selon Arianespace.
Le satellite Spaceway-2, avec une masse de 6,1 tonnes au décollage, est l'un des plus gros satellites de télécommunications du monde. Construit par Boeing Satellite Systems, sa mission sera entièrement consacrée à la transmission d'émissions de télévision haute définition en directe aux Etats-Unis pendant plus de 12 ans.
Telkom-2, de son côté, doit assurer des services de téléphonie, ainsi que des transmissions d'images et de données pour l'Asie du Sud Est et du sous-continent indien pour l'opérateur PT.Telekomunikasi Indonesia Tbk.
Pour Ariane-5 "dix tonnes", cette mission revêtait une importance particulière. Revenue dans la course le 12 février dernier après avoir été plus de deux années clouée au sol suite au cuisant échec de sa toute première mission en décembre 2002, Ariane-5 "dix tonnes" devait encore faire ses preuves.
Le 12 février, le lanceur a placé sur orbite sans aucun problème le satellite hispano-américain de télécommunications militaires et gouvernementales XTAR-EUR, et le micro-satellite scientifique SLOSHAT-FLEVO. Mais Ariane-5 "dix tonnes" n'avait pas redécollé depuis.
Le retour du lanceur Ariane-5 "dix tonnes" doit permettre à Arianespace de conserver sa place de leader mondial sur le marché des lancements commerciaux alors que le poids des satellites fabriqués est de plus en plus élevé.
Malgré cette évolution du marché, ce modèle doit en effet permettre à Arianespace de continuer à procéder par lancement double -deux satellites à la fois-, ce qui rend les missions plus rentables pour les clients qui peuvent se partager les frais d'un tir, au lieu de devoir en supporter seuls le coût.
Le prochain lancement d'une fusée Ariane-5 est prévu dans la première quinzaine du mois de décembre, selon Arianespace.
source : AFP