Le constructeur aéronautique américain Boeing (NYSE: BA - actualité) a mis en garde les Européens contre l'octroi de nouvelles subventions à Airbus (Paris: NL0000235190 - actualité) qui s'apprête à lancer officiellement son dernier né, l'A350.
"Nous espérons que les gouvernements européens ne fourniront pas de nouvelles aides au lancement" d'un Airbus "car les Etats-Unis ont été très clairs depuis longtemps sur le fait que ce n'est pas conforme aux règles internationales", a souligné Ted Austell, vice-président de Boeing chargé du commerce international.
L'annonce du lancement de l'A350, s'il est confirmé jeudi, coïncidera avec le premier anniversaire de l'ouverture du litige devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur ce dossier.
Le 6 octobre 2004, Washington dénonçait l'accord bilatéral de 1992 qui réglementait l'octroi des aides et subventions au secteur de part et d'autre de l'Atlantique.
En parallèle, le gouvernement américain déposait plainte devant l'OMC contre l'Union européenne pour les milliards de dollars versés à Airbus. Immédiatement l'UE déposait elle aussi plainte contre Washington pour les aides à Boeing.
"S'il devait y avoir d'autres aides au lancement (pour l'A350 par exemple) cela compliquera immanquablement le dossier", selon M. Austell.
Depuis un an, le litige Airbus-Boeing devant l'OMC a connu maints rebondissements. Entre deux ultimatums et moratoires, chaque camp se renvoie la responsabilité de l'échec des discussions.
Finalement, la suite de la procédure, qui promet d'être l'une des plus lourdes de l'histoire de l'OMC notamment par le poids économique de ses intervenants, a été confiée à un panel (groupe d'experts) de l'OMC. Restent aux deux parties de s'entendre sur sa composition.
Pour l'administration Bush, le cas est clair: Airbus a touché 3,7 milliards de dollars pour lancer l'A380. Et alors que le groupe européen n'a pas encore commencé à en rembourser le premier cent il réclame à nouveau 1,7 milliard de dollars d'aide pour lancer l'A350, concurrent direct du Boeing 787.
Outre l'aide au lancement, Washington fustige le milliard de dollars de subventions de la Banque européenne d'Investissement à Airbus ou encore le milliard d'euros versés par les gouvernements pour les sites de production et d'assemblage d'Airbus à Hambourg, Toulouse et en Espagne.
Plutôt que de devoir emprunter cet argent aux taux forts, Airbus a bénéficié du transfert de ces coûts risqués aux dépends des contribuables européens, selon le bureau du représentant américain pour le Commerce.
A l'inverse, les Européens dénoncent les aides indirectes à Boeing par le biais de la recherche financée par la Défense ou la Nasa, voire les avantages fiscaux accordées par les régions.
"Il y va des règles qui décident de l'octroi de soutiens par les gouvernements aux groupes industriels, et ces règles existent déjà dans l'OMC", résume le conseiller commercial extérieur de Boeing, Robert Novick.
"Ce n'est pas comme s'il y avait des centaines de sociétés impliquées, dans ce cas il n'y en a que deux", renchérit M. Austell.
Et les deux groupes se livrent déjà une concurrence acharnée pour la place de numéro Un mondial, Airbus gardant depuis deux ans l'avantage sur Boeing avec cette année 271 avions livrés jusqu'à présent, contre 217 pour son concurrent.
Enfin, Washington et Bruxelles soulignent être tous deux ouverts à une solution négociée plutôt que de vouloir déclencher une guerre commerciale.
Pourtant, l'UE a peut-être pris un léger avantage lors d'une nouvelle confirmation vendredi par un autre panel de l'OMC de la condamnation des Etats-Unis sur les aides à l'exportation accordées, entre autres, à Boeing.
source : AFP