Tantôt en équipier tantôt en solo ou en numéro 1 d'une patrouille de deux avions, il va mûrir et participer à toutes les missions de l'escadron et acquérir une expérience indispensable pour la suite de sa progression. Après cette période de " vieillissement ", il va se retrouver une fois de plus sur le " banc de l'école ". Maintenant il lui faut apprendre à s'occuper d'un équipier, à conduire une patrouille de deux avions en assaut alors que la difficulté de ses objectifs à traiter augmente. En même temps, il va découvrir d'autres disciplines qu'il n'avait fait qu'effleurer en tant qu'équipier.
Jean va toucher un peu à tout : interception en très basse altitude d'un raid, à l'aide du calculateur ou sur une simple information de cap à un point de passage (figurant un guet à vue) et aussi un peu avec " son nez ", interception avec combat en moyenne altitude où il va pouvoir " remuer " son avion. Ce sera également l'appui feu en coopération avec l'armée de terre, c'est à dire l'attaque d'objectifs au sol (véhicules, troupes, matériel militaire ...) aux ordres d'un spécialiste, lui même sur le terrain, qui va lui désigner le but à traiter. Là encore, deux méthodes : soit classique, c'est l'officier de guidage terre, l'OGT qui construit l'attaque, Jean " plotte " l'objectif sur sa carte à grande échelle (et découvre comment on pilote en tenant le manche entre ses genoux) et suit les indications données pour se présenter au point de cabré, soit à l'aide du calculateur de navigation pour arriver au même point, mais cette fois ci en se débrouillant seul pour arriver au bon endroit.
Dans les deux cas, il est " pris à vue " par l'OGT pour l'ultime guidage en finale pour " détruire " le camion au coin du bois. Facile ! Un rapide calcul permet de lever le doute. Prenons par exemple une passe canon où la distance de tir est la plus courte (1000 mètres) : au point haut de son cabré, Jean dispose à une vitesse moyenne de 200 m/s d'une douzaine de secondes pour découvrir l'objectif, l'identifier, stabiliser sa visée et tirer, douze petites secondes, c'est tout. De plus, essayez de vous représenter la taille d'un camion vu à 3000
mètres... C'est déjà beaucoup moins évident.
Nouvelle discipline également : la reconnaissance tactique. Jean participe à une recherche plus concrète du renseignement à l'aide de la caméra panoramique de bord (OMERA 40) et aussi " à la vue ", les deux méthodes étant intimement liées. Le renseignement est primordial et fait partie intégrante de toutes les missions. Il apprend où et quoi regarder, à se servir de sa caméra et surtout à restituer au retour de mission tout ce qu'il a vu avant d'exploiter son film avec le concours de l'officier de renseignement (OR). On lui demande donc d'être un spécialiste en attaque au sol mais aussi de savoir faire du combat (pour éventuellement se défendre), de rechercher le renseignement en ayant avec lui un équipier. Il devient responsable de la patrouille, c'est à lui qu'incombent toutes les décisions en particulier sur le déroutement du vol en fonction des ordres de départ, de la météo rencontrée en vol, des pannes éventuelles pouvant affecter l'un des avions et des règlements du temps de paix qui lui imposent un cadre qu'il ne peut pas franchir. Il doit en permanence concilier sécurité et efficacité... et le choix n'est pas toujours simple. Tout ceci sera sanctionné par la licence de sous chef de patrouille.
La suite est simple : c'est l'entraînement et le perfectionnement dans toutes les disciplines à son profit et une chose nouvelle, l'instruction des jeunes pilotes. Il va devoir restituer de son mieux au jeune PIM qui est avec lui (et qu'il a été, s'en souvient il !!) tout ce qu'il a appris, toute son expérience et son savoir. En plus, durant toute sa carrière, son menu quotidien est fait d'instruction au sol : briefing sur une partie de l'avion, sur la sécurité des vols, la " récognition " (avions et matériels au sol), la réglementation aérienne, la circulation aérienne, etc..., l'activité aérienne (avec préparation, briefing, vol, débriefing) et aussi de travail plus terre à terre. Chaque pilote a une tâche annexe comme officier de tir, mise à jour de la documentation opérationnelle. des cartes de navigation, etc...
Le sport aussi fait partie de la vie d'un pilote et il le pratiquera pour son hygiène personnelle mais aussi pour conserver la forme. Ce n'est pas une vue de l'esprit mais bien une nécessité. La fatigue due aux vols est de deux sortes :
physique bien sûr, car les " g " sont vite pris et s'ils sont encaissés sans broncher il y a fatigue musculaire,
nerveuse et c'est certainement la plus insidieuse pour une mission " pointue ", la tension nerveuse est présente durant tout le vol et si un pilote se relaxe un peu après un vol, vous pouvez être certain que ce n'est pas par fainéantise. Certaines missions sont plus fatigantes aussi du fait de l'équipement particulier ; comme ces combinaisons étanches pour le survol maritime qui sont des petits saunas individuels et portatifs.