Comme je ne suis pas très bon, je me perds un peu. L'agent AFIS d'Auxerre me demande où j'en suis, étant donné que mon estimée d'arrivée est dépassée. Je lui répond que j'arrive, juste le temps de me retrouver. Il a dû comprendre que j'étais perdu, mais comme ma voix est calme, il ne s'inquiète pas. Quelques minutes plus tard, je trouve le terrain et je me pose.
Bien que ce ne soit pas obligatoire réglementairement parlant, je monte à la tour pour faire tamponner mon carnet de vol. Avec l'agent AFIS se trouvent deux pilotes avec de belles chemises blanches et de jolis galons sur les épaules. Ils sont venus avec l'avion d'affaires qui est garé sur le parking, pas très loin du mien. C'est un King Air. Une fois mon carnet tamponné et la taxe payée, je prends congé en souhaitant bonne journée à l'agent AFIS et aux pros. Un des pilotes me sourit et me souhaite un bon vol !
C'est une des premières fois que je vois une manifestation de cet esprit qui lie les pilotes, privés ou professionnels, d'avion, de planeur, d'hélico ou d'autre engin volant identifié ou non. Ce sentiment d'appartenir à la grande famille des amoureux de l'air. Et je suis bien content de voir que ce pilote, qui vole beaucoup plus haut, plus vite et plus loin que moi dans sa monture turbinisée et pressurisée, souhaite un bon vol à l'élève PPL dans son petit monomoteur poussif.
13 octobre 2010. Il fait beau sur la Loire Atlantique, et c'est après une approche à vue que mon captain a posé le Beech 200 sur la piste 03 de Cholet. Je monte à la tour pour saluer l'agent AFIS et lui demande de bien vouloir décaler notre plan de vol de retour vers Paris. Le patient que nous sommes allés chercher à Porto, après un long survol maritime sur l'Atlantique, est emmené jusqu'à chez lui par le médecin et l'infirmier, et on va donc attendre sur place environ deux heures.
Pendant que je suis à la tour, un DR400 vient se garer devant la tour, et le pilote en descend. Il n'a pas l'air bien vieux, et est seul à bord. Mon téléphone sonne. Au bout du fil, un colibri m'appelle pour poser des questions et demander des conseils pour son CPL-IR. Je descends sur la plateforme, au dessus du restaurant et sous la tour, pour lui répondre tranquillement. J'aime bien prendre du temps pour aider, autant que je le peux, ceux qui s'apprêtent à se lancer dans la formation pro. Tout comme j'ai beaucoup apprécié de pouvoir, quand j'en étais à cette étape, poser des questions et demander des conseils à ceux qui étaient passés par là avant moi. Encore une manifestation de la solidarité dont la famille aéronautique sait faire preuve.
Pendant que je téléphone, le jeune pilote du DR400 passe à côté de moi, son carnet de vol à la main. Je vois son regard s'arrêter sur ma chemise et sur les galons. Je souris et je lui dis bonjour. Il répond à mon salut, et continue à monter jusqu'à la tour. Je continue ma conversation, et quelques minutes plus tard, je vois le jeune pilote remonter dans son avion pour repartir aussitôt. Je remonte à la tour et je demande à l'AFIS : "Grande nav solo ?" Il me répond par l'affirmative.
Presque dix ans après, j'ai repensé à cette journée de février 2001 et à ma rencontre avec les pilotes du King Air et j'ai apprécié à sa juste mesure ce petit clin d'oeil...
Olivier