Ce nouveau long-courrier constitue avant tout une riposte européenne à l'arrivée d'un concurrent pour son A 330, le Boeing B 787. L'avionneur américain l'a d'ailleurs très bien compris. Le vice-directeur du marketing de Boeing, Randy Baseler, ironisait hier : «En réalité, nous sommes surpris que les actionnaires d'Airbus aient mis autant de temps à réagir au B 787. Les 23 compagnies aériennes qui ont commandé 173 avions B 787 Dreamliners ont finalement attiré leur attention. Ce qui prouve que le B 787 n'est pas seulement une copie de l'A 330 et une campagne de presse.»
Litiges sur les subventions
De son côté, Airbus compte désormais 140 engagements d'achats auprès de neuf compagnies. Pour elles, le constructeur européen a fait évoluer son concept. Pour la première fois hier, il a présenté l'appareil non pas comme une version améliorée de son A 330, mais bien comme un «avion nouveau», constitué «à plus de 90% de nouveaux composants» avec une «nouvelle voilure en composites», «un nouveau train d'atterrissage et une nouvelle cabine». Ce changement n'a néanmoins pas entraîné un réajustement du coût de développement de son A 350, estimé à 4,35 milliards d'euros.
C'est d'ailleurs le financement de l'appareil qui est au coeur des dissensions entre Américains et Européens. Certes, le litige sur les subventions aéronautiques entre Washington et Bruxelles devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) vise surtout le superjumbo A 380. Mais l'A 350 est également dans le collimateur des Etats-Unis. EADS et BAe Systems en sont conscients.
Pour calmer le jeu, ils ont confirmé hier ne pas encaisser, pour le moment, les subventions accordées par les quatre pays partenaires d'Airbus à sa demande. «Les gouvernements européens ont répondu favorablement à cette demande de soutien, a précisé hier EADS. Mais aucun versement ne devrait intervenir en 2006 tant que des possibilités de négociations existent, étant entendu que Boeing se soumettra aux mêmes restrictions.» Cette décision saluée par la Commission européenne, permet à Airbus de faire un geste en faveur d'une solution négociée. Pour Boeing, elle prouve que sa détermination paie.
source : AFP