Face au retard du nouveau bombardier d'eau à grande capacité Dash 8 promis pour le début juillet mais toujours indisponible, les pilotes de la Sécurité civile de Marignane, très sollicités par les feux de forêt depuis le début d'été, sont "très inquiets" en raison de "l'insuffisance des moyens aériens".
"Nous sommes très inquiets pour la saison, car non seulement il manque un Canadair, mais en plus le Dash 8 ne sera pas opérationnel avant la mi-août", déclare Alain Huet, représentant intersyndical des pilotes de Marignane (Bouches-du-Rhône). Le général Michel Razaire, commandant de la base de Marignane, affirme de son côté que le Dash 8 sera disponible "très prochainement".
Base mère de la Sécurité civile en France, Marignane concentre l'ensemble des moyens aériens de lutte contre les incendies : 11 avions Canadair, 12 Tracker (avion classique de moindre capacité) et un avion gros porteur Dash 8. L'été, une partie de ces avions est disposée en Corse et à Carcassonne (Aude).
Présenté en grande pompe par Nicolas Sarkozy le 23 juin à Aix-en-Provence, le Dash 8, construit au Canada, aurait dû être opérationnel début juillet. Mais sa période de certification est plus longue que prévu.
"Effectivement, il aurait été utile début juillet", relève M. Huet. Le 1er juillet, à Lançon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), où 650 hectares ont brûlé, "seuls deux Canadair ont pu être envoyés, constate-t-il. Certains étaient en Corse, d'autres à Vidauban (Var) et deux à la maintenance. Si nous sommes confrontés à une grosse crise, le manque de moyens sera évident".
"On ne peut pas se plaindre des moyens actuels", rétorque le général Razaire. "Le niveau d'équipement en moyens aériens s'est bien amélioré. Il n'y a pas que la capacité en litres d'eau qui compte. Ce qu'il faut voir, c'est que depuis 20 ans, nous sommes plus rapides, plus disponibles et plus efficaces".
Quant au Dash 8, "il est tout à fait adapté et vient renforcer la flotte, assure-t-il. De plus, il remplace avantageusement les deux Fokker retirés car en fin de course". "Certes, cet appareil n'est pas là aussi vite que chacun le souhaiterait, mais on ne peut pas engager à la légère les 25 ans qui viennent", ajoute M. Razaire.
Cependant, pour M. Huet, pilote de Canadair depuis 13 ans, "prétendre que le Dash 8 va régler tous les problèmes est présomptueux : cet avion ne remplace rien, il ne fait que compléter le travail des Canadair. Pour nous, il faudrait un 12e Canadair".
De fait, explique-t-il, quand un Canadair peut faire "en moyenne six largages d'eau par heure, le Dash 8, qui doit revenir chaque fois à sa base n'en assurera qu'un et demi par heure. De plus, il ne pourra pas aller là où vont les Canadair ou les Tracker, dans les vallées encaissées de Corse par exemple".