Le «succès exceptionnel» d'EADS sur Boeing
J.C. (lefigaro.fr) avec AFP
01/03/2008 | Mise à jour : 13:14 | Commentaires 77
.
Un KC-30 ravitaillant un B-2. (AFP)
Un KC-30 ravitaillant un B-2. (AFP)
Pour 35 milliards de dollars, le consortium européen fournira 179 avions ravitailleurs à l'armée de l'Air américaine. Un sérieux revers pour son rival qui réclame des explications.
A la surprise générale, le Pentagone a finalement choisi vendredi le consortium européen, maison-mère d'Airbus, allié à l'américain Northrop Grumman, pour la modernisation de la flotte d'avions ravitailleurs de l'armée de l'Air, au détriment de son rival Boeing.
L'octroi de ce méga-contrat, qui porte sur 179 appareils pour quelque 35 milliards de dollars, est un revers majeur pour l'avionneur américain, qui avait remporté la commande en 2003 avant de la voir annulée, après que des fraudes eurent été révélées.
C'est également un triomphe sans précédent pour l'Européen EADS qui s'impose enfin sur le plus grand marché militaire du monde, réputé très protectionniste, et où il n'avait jusqu'alors remporté que de maigres victoires.
L'équipe Northrop Grumann/EADS «avait clairement la meilleure offre pour le gouvernement», a fait savoir l'armée de l'Air américaine. «Plus de passagers, plus de cargo, plus de carburant transporté, plus de flexibilité», a renchéri le responsable de la logistique aérienne, le général Arthur Lichte, qui table sur un premier vol du nouveau ravitailleur en 2013. Ces «stations-service volantes» datent pour certaine de l'ère Eisenhower.
Il s'agit de l'un des plus gros contrats alloués par le Pentagone, et la première tranche d'un marché d'une valeur totale estimée à plus de 100 milliards de dollars sur 30 ans.
Vieux conflits d'intérêt
Cette commande est un «grand sujet de fierté», «un succès exceptionnel» pour EADS, qui «l'encourage à poursuivre sa stratégie aux Etats-Unis», a réagi son président exécutif, Louis Gallois. Nicolas Sarkozy s'est félicité de ce «succès historique» et «a téléphoné à Louis Gallois pour rendre hommage à ce succès historique qui consacre le savoir-faire d'exception de l'entreprise européenne dans le domaine de l'aéronautique, tant civile que de défense», indique un communiqué de l'Elysée.
Boeing, deuxième fournisseur du Pentagone après Lochkeed Martin et donné jusqu'ici favori, s'est dit «très déçu» et n'a pas exclu de protester auprès du Government accountability office, l'équivalent de la Cour des comptes. «Lorsque nous aurons vu les détails de l'attribution du contrat nous prendrons une décision», a indiqué le groupe.
«Cette compétition n'a pas été biaisée, nous avons été très ouverts et transparents», s'est défendue l'US Air Force.
En 2003, l'armée de l'Air américaine avait déjà attribué un contrat de location-vente à Boeing pour ses ravitailleurs, finalement annulé après la découverte de conflits d'intérêt qui ont valu la prison à deux responsables de l'avionneur, et poussé le secrétaire à l'Armée de l'air américaine de l'époque à la démission.
John McCain, sénateur de l'Arizona et actuel candidat à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle américaine de novembre, avait à l'époque activement dénoncé la connivence entre le Pentagone et Boeing dans cette affaire. Le contrat avait ensuite été remis en jeu.
SOURCE: LeFigaro.fr