Bref, on est nombreux à constater, et à trouver aberrant de voir tant de pilotes de DR-400 se prendre pour des pilotes de ligne. Faut arrêter quoi !
Quand je croise des étudiants, des jeunes, et des moins jeunes dire à leur entourage et leurs amis que piloter ce n’est pas donner à tout le monde, que c’est difficile, qu’il faut être très sérieux, etc … ça me fait halluciner. Certes c’est pas hyper évident, m’enfin si on peut piloter un avion à 15 ans, c’est que ce n’est pas si complexe non plus. Faut arrêter de se croire pour des gens supérieurs parce qu’on a déjà posé le cul dans un DR400 ou un Cessna. D’autant plus sur ces avions là. Ok, on a sans doute tous déjà expliqué avec un minimum de fierté comment on en était arrivé là, montré une photo de cockpit d’avion léger, mais faut pas pousser le truc trop loin, avec l’arrivée des Aquila et leur immense GPS, leurs nombreux boutons, ça attire les foules, pourquoi ? Parce que c’est moderne, que ça fait sérieux, ça fait compliqué … A côté de ça, un Jodel passe pour un avion de ringards … Mais c’est quoi ce monde ?
Dans mon ancien AC les gens qui venaient apprendre à piloter en costard, tenue limite PNC et l’air très … supérieur, voire arrogant, se faisaient éjecter tout de suite. D’ailleurs ces gens ont tendance à voler pas super bien. Bref, maintenant ce sont les autres qui sont mal-vus, on a l’impression de passer pour un idiot quand on a une combin de vol pour la voltige, et encore pire quand on arrive sur le terrain en short …
Remettez-vous à votre place, piloter un avion vous faîtes ça pour vous, pas pour montrer aux autres que vous êtes surhumain. Pour tous ceux qui souhaitent devenir pilotes de ligne, va falloir apprendre la modestie, sachez que la plupart qui rentrent EPLs ne sont pas pilotes à la base, alors si vous arrivez genre je suis pilote de ligne sur DR42, vous ne tiendrez pas 5 sec face aux psy et aux Pilotes faces à vous.
Y a un autre truc qui m’énerve, les histoires de procédures, de règles, etc …
C’est pas parce que l’instructeur dit qu’il faut être à 140 en vent arrière que celui qui arrive en Cap 10 à 280 pour éviter au précédent une remise de gaz est un idiot sans cervelle. La seule règle est de ne pas dépasser 250 kts, et éventuellement de respecter une vitesse assignée quand on vole sur 737 …
De même que celui qui arrive un peu vite ou un peu haut, et qui fait une finale glissée n’est pas non plus un débile, mais quelqu’un qui maîtrise son avion (enfin j’ose espérer) et qui utilise ses possibilités.
Les clubs possédant des trains classiques se font de plus en plus rares, les voltigeurs se retrouvent à part, pourquoi, car c’est toute la différence entre les pilotes de ligne sur DR400 (j’aime bien l’expression) et les pilotes de tourisme sur Jojo et machines sympas.
Stéphane nous a fait remarqué un fait réel (ndlr Stéphane est pilote sur 777 quand il ne vole pas sur Cap, entre autres), tant pis si je reprends ses idées : le fait que tous ces gens qui font les beaux lors des baptêmes de l’air sur PA-28 ou autres ont peur de croiser des voltigeurs, des pilotes de jojo, car .. eux ne savent tout simplement pas faire, savent tout juste faire passer un simple GPS pour un FMS ultra-sophistiqué …
J’exagère bien sûr, mais ce n’est pas loin de la réalité pour bon nombre de pilotes de nos jours.
Je ne dis pas non plus par là que passer son PPL sur Cessna 150 (ce que j’ai fait) c’est insensé, mais il ne faut pas prétendre que ce même avion est réservé à une élite, et que les avions avec moins d’instruments et moins de boutons sont des avions dangereux sans intérêts et destinés aux ringards mal-habillés.
Dernière constatation : les clubs possédant des avions modernes (genre DA-40, DR-400, Aquila, etc …) ont souvent des membres venant juste le temps de leur réza (qu’ils font sur Internet évidemment), qui ne disent ni bonjour ni au revoir, qui considèrent leur instructeur comme un simple outil d’apprentissage. L’inverse se constate dans les clubs qui passent pour des clubs de marginaux, où l’ambiance est bonne vivante, avec des membres qui s’investissent, qui prennent plaisir à laver leurs avions, qui se font des repas, bref avec une vraie vie.
Je me suis fait la réflexion que ça ne se passait pas comme ça dans le milieu du vol à voile, du moins pas dans les clubs vélivoles que je connais (La Montagne Noire, Luchon, Castelsarrasin, Auch, …), là on y retrouve une vraie association, avec des repas organisés où une majorité des membres viennent, des gens qui aiment discuter après leur vol, partages d’expériences, discussions non aéros, sorties organisées, bref une ambiance sympa, et … modeste.
Pourquoi tout ça se perd aujourd’hui ? Pourquoi chercher à passer pour le meilleur quand on a déjà la chance de voler sur DR-400 ? Vous n’avez pas le temps de rester ½ heure sur le terrain après le vol? Sachez que là où l’on apprend le mieux , c’est en écoutant les autres, en partageant ses expériences, et là vous gagnerez du temps.
C’est un truc que l’on comprend bien en voltige, on regarde les autres, on s’entre aide, et on apprend des erreurs des autres.
Et arrêtez de parler comme si faire une nav avec 20 kts de travers sur DR42 est une expérience exceptionnelle.
Poser un J3 avec 25 kts de travers sur une piste de 20m de large, ok. Un DR-400 est un bon avion, qui vole vite, 4 places, une bonne charge utile, plutôt bien équipé, mais ça s’arrête là. Il n’y a pas beaucoup plus simple comme avion.
Et celui qui fait sa nav sans Vor, sans transpondeur, son radio, a sans doute bien plus de mérite que celui qui va appuyer sur 3 ou 4 boutons et suivre son trait sur le GPS pour traverser la France. Et pourtant, le fait est là, ce dernier passera pour un pro, alors que l’autre sera marginalisé …