Les compagnies aériennes, engagées dans une vaste chasse aux coûts, se sont fixé pour objectif de remplacer le traditionnel billet d'avion en papier par un équivalent électronique d'ici fin 2007, mais ce calendrier semble très serré au vu de l'ampleur du chantier.
"Nous n'avons plus que deux ans pour faire du billet papier un héritage du passé", a souligné jeudi Philippe Bruyère, de l'Association internationale du transport aérien (IATA), lors de la 14e édition du Cannes Airlines Forum.
L'organisation, qui regroupe 265 compagnies membres, représentant 95% du trafic mondial, n'imprimera plus de coupons de vol à partir de 2008.
Les retardataires qui ne seront pas passés au billet électronique au 1er janvier 2008 devront produire et distribuer eux-mêmes leurs billets d'avion, et verront annulés les accords interlignes les liant à d'autres compagnies.
Pour l'heure, "quelque 33% des billets émis sont électroniques", a affirmé M. Bruyère, qui prévoit "un taux de 40% d'ici la fin de l'année".
Mais malgré ces avancées, "55% des compagnies aériennes n'émettent toujours pas de billet électronique" et prennent à terme un "risque de marginalisation", s'est-il inquiété.
Un commentaire volontairement alarmiste pour accélérer le mouvement: car au-delà de la simplification du voyage, la disparition des billets papier devrait permettre au secteur de dégager trois milliards de dollars d'économies par an.
La généralisation du billet électronique constitue l'un des points-clé du vaste programme de réduction des coûts entrepris par l'IATA en 2004, baptisé "Simplifier les affaires" (Simplifying the Business) et dirigé par M. Bruyère, et qui pousse à l'usage massif de nouvelles technologies (comptoirs d'enregistrement en libre service, suivi des bagages par étiquettes à radiofréquences, cartes d'embarquement sous forme de code-barre à imprimer chez soi).
L'enjeu est de taille pour les compagnies aériennes, frappées de plein fouet par la flambée des prix du pétrole, qui fait bondir leurs coûts dans un contexte de féroce concurrence.
Près de la moitié d'entre elles ont déjà commencé à remplacer progressivement les coupons de vol traditionnels, coûteux à émettre, par des solutions alternatives : billet imprimable via Internet sur une banale feuille de papier, enregistrement des données directement sur la carte "voyageur fréquent" du passager ou sur la bande magnétique de son passeport.
"C'est comme passer du billet de banque au virement, ou à la carte de crédit", fait valoir M. Bruyère.
"Chez Air France, 60% des billets émis dans le monde sont électroniques", selon Tamara Primakoff, chargée d'appliquer le programme IATA dans le groupe aérien. "Notre objectif est d'atteindre 100% d'ici fin 2007. Ca va être dur, mais nous n'en serons pas loin", affirme-t-elle.
Pour obliger les voyageurs à s'adapter à cette nouvelle façon de voyager, la compagnie prévoit de faire payer tous les billets papier à partir de l'an prochain, comme elle le fait déjà aux Etats-Unis.
source : AFP