Depuis lundi, la Direction générale de l'aviation civile comme les Affaires maritimes sèchent. L'épave d'avion repêchée par un chalut sétois n'a toujours pas été identifiée.
Mais les passionnés, eux, phosphorent.
De Lodève, Louis Gillet, ex-officier mécanicien sur la base militaire d'Istres (Bouches-du-Rhône), s'est souvenu du crash, en 1956, avec 12 hommes à bord, d'un gros avion hybride de l'Armée de l'air, un Languedoc-Samar, un zinc de surveillance de la côte jamais retrouvé. Il disposait de quatre moteurs en étoiles. C'est la roue, de bonne taille, qui l'a fait tilter : « Elle était bien pratique, on y pissait dessus avant de s'envoler... »
Jean Robin est un féru d'histoire, grâce auquel Nîmes a donné en 2004 à l'un de ses ronds-points le nom d'un aviateur américain, Walter Oliver Saint-John. Pour lui, l'épave pourrait être celle d'un B 17, le fameux bombardier US. Une de ces forteresses volantes se serait abîmée, justement, au large de Sète.
Il y a aussi des témoignages d'époque, dont celui d'une habitante de La Peyrade de 82 ans faisant état d'un « avion qui avait frôlé maisons et rochers et qui s'était abîmé en mer... »
En tout cas, personne ne se bouscule pour récupérer l'épave qui, tout le monde semble d'accord là dessus, serait issue de la Seconde Guerre mondiale. « Si ç'avait été une amphore rare, un coffre ancien ou une statue en or massif, ça aurait appartenu à tout le monde... », formule Ange Calli, filetier, en regardant... l'épave du filet du Massabielle, chalut de Sylvain Liguori, qui a remonté le bloc moteur d'avion non identifié, avec un moteur en étoile et une partie du train d'atterrissage doté d'une roue d'1,2 m (nos précédentes éditions).
Lundi, à 16 milles en mer, le chalut sétois, en remontant son filet de 94 m de fond, sent que « le bateau prend du gîte » à cause d'un poids de plusieurs tonnes, précise Sylvain Liguori. "L'inventeur", comme on dit dans le jargon, dit : « Il a fallu deux gros chariots élévateurs pour le sortir du bateau, dont la coque a d'ailleurs été abîmée. »
Un enquêteur de la DGAC est bien venu quai D, à Orsetti, pour tenter de faire parler la tôle. Rien à faire. Il a transmis le dossier aux Affaires maritimes. Au final, le découvreur de cet encombrant trésor se retrouve avec un numéro de téléphone, celui du musée de la Libération de Salon de Provence. Pour tenter d'identifier l'aéronef, la DGAC a relevé les indices. Sur place, on ne peut lire que quelques chiffres, les derniers : "69". Et une inscription : Palmer Aéro. De quoi déchaîner encore les passions.