C'est ce dimanche que sera donné le départ du 23e rallye aérien Toulouse-Saint-Louis du Sénégal. Un périple prévu pour deux semaines (c'est le rallye le lus long du monde) qui va conduire les équipages sur les traces des pionniers de l'Aéropostale. À mi-chemin entre l'épreuve sportive et l'évocation historique, ce raid rassemble chaque année les grands passionnés de l'aviation. Ils seront 28 à décoller des pistes de Lasbordes. Direction Alicante, première étape du rallye qui se poursuivra ensuite sur Casablanca, Agadir, puis la cité mythique de Chinghetti et enfin Saint-Louis, où l'arrivée est prévue le samedi 10 octobre. « Une prière en forme de raid qui retrace le trajet de la Ligne et fait revivre les visages de Didier Daurat, de Guilaumet, de Mermoz ou de Saint-Exupéry », commente Bernard Chabbert, d'Aviasport.
« MAGIE DU VOYAGE »
A l'heure où sur d'autres pistes toulousaines s'entraîne au vol l'énorme A380, la légende des « vieilles tiges », loin de s'estomper dans les bruits des réacteurs, est soigneusement entretenue. Et ses adeptes en soulignent au contraire toute l'actualité : « Les concurrents vont ressentir toute la magie de ce voyage aérien avec mille fois plus de force que ne la perçoit celui qui est transporté par avion en quatre heures seulement entre Paris et Dakar », poursuit Bernard Chabbert. En ajoutant : « Ils ne vont pas se prendre pour leurs chers héros disparus, le monde a trop changé, mais ils vont revisiter les réalités quotidiennes de ces aviateurs d'il y a 70 ans avec une acuité parfaite. Et au soir du 4e jour, ils vont mieux comprendre, en regardant les étoiles filantes du cap Juby, les oreilles remplies du grondement océanique, la valeur que peut revêtir la vie d'aviateur ». Au fond, avouent ceux qui l'ont déjà entrepris « ce voyage agit comme une véritable drogue, comme un trajet initiatique ». Et chacun insiste : « Nous mettons nos ailes dans le sillage de celles des Breguet, des Latécoère… Et nos yeux suivent les mêmes courbes de la côte qui, elle n'a pas changé. » À la même altitude, à la même vitesse que leurs glorieux prédécesseurs « le décor va changer lentement, et tout au long de ces 10 000 kilomètres de ce rallye, c'est notre for intérieur qui change aussi ».
On le voit, ce voyage des rives de la Garonne à celles du Sénégal constitue un véritable « passage vers l'ailleurs ». Et les organisateurs peuvent se flatter, dans la foulée d'André Sabas, un des pères fondateurs de l'épreuve, de proposer « un pèlerinage aérien unique dans le monde. D'une telle qualité humaniste qui fait que soudain, le plus banal des avions légers ouvre une porte vers quelque chose d'immense ».
Jean-Jacques Rouch
Un Breguet XIV sur la piste
Avant le départ des avions qui sera donné d imanche à partir de 8 h, à l'aérodrome de Lasbordes, l a journée de demain samedi sera consacré au controle des appareils et, dans l'après midi, de 16 h 30 à 17 h 30, à la présentation publique au solet en vol d'un Breguet XIV, l'avion mythique construit à Toulouse par des passionnés de l'association «Breguet XIV». C'est sur ce type d'appareil qu'ont volé les plus grands de la Ligne, aussi bien Mermoz, que Guillaumet ou Saint-Ex.