Le capitaine Hanadi Hindi s'apprête à devenir la première Saoudienne à piloter un avion d'une holding d'un prince, au moment où le débat fait rage entre partisans et adversaires d'une levée de l'interdiction faite aux femmes de conduire une voiture dans le royaume conservateur du Golfe.
"Je n'ai jamais pensé devenir une pionnière. Lorsque j'ai commencé des études de pilotage, je l'ai fait pour mon père qui, lui-même, aspirait à devenir un pilote. Je me suis ensuite attachée" à ce métier, déclare Hanadi, 27 ans, à l'AFP jointe par téléphone dans la ville sainte de La Mecque, où elle réside.
La décision du prince milliardaire Al-Walid Ben Talal d'intégrer Hanadi dans son équipage privé a suscité des critiques de religieux musulmans conservateurs, opposés à tout assouplissement des restrictions interdisant aux femmes de se mêler à des hommes, autres que ceux de leur famille, ou de voyager sans l'autorisation de leur mari ou d'un homme de leur famille.
Mais Hanadi précise que le patron de Kingdom Holding avait engagé aussi son père, Zakariya Hindi, comme un consultant juridique. Il va l'accompagner dans tous ses vols "de manière, dit-elle, à ce que l'on ne puisse pas dire que je voyage sans un homme de ma famille".
Hanadi indique qu'elle se rendra, dans trois semaines, à Londres pour un cycle de formation de trois mois, avant de commencer à travailler pour le prince Al-Walid.
Kingdom Holding l'avait recrutée avant même qu'elle n'obtienne en juin sa licence de pilote d'avions de ligne de la Mideast Aviation Academy, en Jordanie.
La holding, qui gère un empire financier à travers le monde, a accordé à Hanadi une bourse pour l'aider durant sa dernière année à l'académie jordanienne, et le prince Al-Walid l'a félicitée pour l'obtention de sa licence dans des encarts publicitaires publiés dans la presse.
"Je remercie Dieu que le prince Al-Walid m'ait donnée l'occasion de servir mon pays et de servir son Altesse surtout qu'il est membre de la famille royale", dit Hanadi.
Elle avoue avoir eu peur de ne pas trouver du travail en Arabie saoudite, avant que le prince ne lui propose un contrat de 10 ans.
Ses appréhensions se justifient par le fait que les femmes dans le royaume sont exclues de plusieurs métiers, souvent moins controversés que celui de pilote. Elles sont les seules femmes au monde à être privées du droit de conduire.
Le Majles al-Choura, un Conseil consultatif désigné, a rejeté en mai une proposition d'un de ses membres qui invoquait des raisons économiques pour demander une levée de l'interdiction, dont le maintien nécessite, a-t-il expliqué, un million de chauffeurs étrangers qui coûtent au royaume quelque 3,2 milliards de dollars par an.
Les partisans d'une levée de l'interdiction font aussi remarquer le coût prohibitif du recrutement de chauffeurs pour les familles à revenus limités.
Ils mettent également en avant des raisons sociales pour contrer les arguments à caractère religieux de leurs adversaires, en expliquant qu'en dépendant des chauffeurs, les Saoudiennes passent beaucoup de temps seules avec des hommes étrangers.
Pour Hanadi, ce serait bon si les femmes étaient autorisées à conduire une voiture "avec certaines restrictions", comme par exemple de n'accorder ce droit qu'aux femmes d'un âge moyen ou âgées. Devenir pionnière, "c'est une grande responsabilité (...). Et j'espère que je serai un bon exemple pour les femmes saoudiennes", dit-elle, humblement.
source : angola presse