ROME (AFP) — La compagnie aérienne italienne Alitalia s'est résignée dimanche à accepter l'offre dictée par le franco-néerlandais Air France-KLM, à un prix très bas et sous conditions, notamment le feu vert des syndicats et du futur gouvernement, qui se retrouvent sous forte pression.
Après un conseil d'administration fleuve de quinze heures achevé dans la nuit de samedi à dimanche, Alitalia, détenue à 49,9% par l'Etat, a accepté "à l'unanimité l'offre d'Air France-KLM", a indiqué la compagnie italienne dans un communiqué.
Menacée de faillite dès la mi-2008, Alitalia n'avait pas d'alternative et a dû approuver une offre financière bien plus basse que prévu, de moins de 10 centimes d'euros par action, contre un dernier cours de 0,53 euro vendredi.
Air France-KLM propose une de ses actions en échange de 160 actions Alitalia, ce qui valorise la compagnie italienne à moins de 140 millions d'euros. La presse italienne évoquait auparavant un titre Air France-KLM pour 70 actions Alitalia.
L'offre d'Air France-KLM est soumise à une série de conditions, à remplir d'ici le 31 mars, en particulier "l'obtention d'un accord avec les syndicats" qui se retrouvent donc soumis à un calendrier très serré.
Le projet prévoit quelque 1.600 suppressions d'emplois sur les 10.000 salariés de la branche transport aérien.
"Le gouvernement nous livre nus aux négociations d'Air France-KLM, au détriment des salariés, des infrastructures et de l'interêt général du pays", a réagi le secrétaire général de la Cisl, Raffaele Bonanni.
"Alitalia vendue à Air France à prix soldé", écrit en une le quotidien Il Giornale, appartenant à la famille Berlusconi, tandis qu'Il Sole 24 Ore évoque un "oui" douloureux.
Le gouvernement qui sera issu des élections législatives des 13 et 14 avril se retrouvera aussi sous forte contrainte car Air France-KLM prévient qu'elle lancera son offre seulement si Rome n'a "pris aucune décision formelle ni émis aucun avis fortement contraire à l'opération", indique Alitalia.
La compagnie franco-néerlandaise demande en outre qu'Alitalia obtienne de l'actuel ministère de l'Economie une ligne de crédit pour lui permettre de survivre jusqu'à l'augmentation de capital.
La compagnie exige par ailleurs un accord avec la holding publique Fintecna pour qu'elle reprenne des morceaux d'Alitalia Servizi (maintenance, administration, au total 8.300 salariés), un boulet financier que le président d'Alitalia, Maurizio Prato, souhaitait repris en bloc.
Air France-KLM demande des engagements à l'aéroport de Rome sur la qualité du service et au gouvernement sur le maintien des droits de trafic ("slots") d'Alitalia.
Elle exige en outre de la SEA, la société publique qui gère l'aéroport Malpensa de Milan, de renoncer à tout recours en justice. Alitalia a prévu une réduction drastique de son activité à Malpensa dès la fin mars, ce qui suscite la fureur des autorités politiques du nord de l'Italie.
Enfin, Air-France KLM se réserve le droit de renoncer si la Commission européenne impose des conditions jugées trop strictes à cette acquisition.
Si toutes ces conditions sont remplies, la compagnie franco-néerlandaise lancera son offre sur les actions et une autre sur les obligations.
Une fois les offres réussies, Air France-KLM lancera une augmentation de capital de 1 milliard d'euros pour sauver la compagnie italienne de la disparition, un montant supérieur aux 750 millions d'euros initialement requis par Alitalia.
Elle s'engage aussi à maintenir le nom et la marque Alitalia et à conserver l'aéroport de Rome comme plateforme de transit (hub) pour la compagnie italienne.
Source : AFP/Google