Après une conversation avec des amis(es) pilotes, professionnels(elles) et amateurs, autours de la question : quel équipement dans un avion ?
Je vous livre ma réflexion.
Dès le début de l'aviation, l’homme, aidé de technologie, a commencé à se remplacer jusqu'à un degré toujours plus grand.
Le "développement" des équipages a ainsi une ressemblance à la chanson enfantine "Dix petits Indiens".
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans le cockpit d'un Super Constellation, s'asseyaient cinq ou six personnes.
Deux pilotes, un pilote suppléant sur les vols long-courrier, un ingénieur de vol, un navigateur et un opérateur radio.
Peu après, avec les 707 et DC8, l’arrivée des jets, le navigateur est devenu superflu sauf sur quelques itinéraires. Au-dessus du Pôle du Nord, de l'Atlantique Nord, là où la navigation par radio à très haute fréquence, les VOR, n'était pas possible, le navigateur était toujours requis.
Avec l'introduction du Inertial Navigation System sur les avions tel que le 747, l'ordinateur embarqué a assuré le travail du navigateur.
Au début des années 80, c’est au tour de l'ingénieur de vol. Avec l’arrivée de la nouvelle génération des long-courrier, 747-400 et A340, il n'était plus nécessaire. Comme dans le cas du navigateur, les ordinateurs embarqués ont assuré ses fonctions.
Celui qui a connu : six, cinq, quatre, trois et finalement seulement deux personnes, peut légitimement se poser la question suivante : quel équipage dans l'avion du futur ?
Au cours de la discution, une amie, une pilote professionnelle (pessimiste ?), avançait cette réponse : Un pilote et un chien.
Le travail du pilote : nourrir et maintenir le chien éveillé.
Le travail du chien : s'assurer que le pilote ne touche rien.
Évidemment, dans un premier temps, nous avons, mes amis et moi, pris cette réponse comme une plaisanterie… dans un premier temps, car après réflexion… Était-ce une exagération ? N’était-ce pas totalement fondé ?
Les ingénieurs ont toujours rêvé de résoudre le problème de l'erreur humaine en réprimant et en éliminant plus tard sa "cause", à savoir l’Homme et ses faiblesses.
Chez les avionneurs, les pilotes sont considérés comme un mal nécessaire, qui techniquement peut être surmonté s'il n'était pas nécessaire de tenir compte de la psychologie des passagers.
Ainsi, le développement de l’avionique est concentré surtout sur l'être humain en tant la plus grande source d'erreurs possibles.
Les ingénieurs veulent-ils éliminer cette source d'erreur, si pas complètement, au moins jusqu'à un degré important.
À y regarder de plus près, tous leurs efforts ne sont-ils pas tournés vers la conception d’un équipement technique qui éliminerait la possibilité d'erreur humaine ou l'empêcherait d'affecter la sécurité. Dans le principe pourquoi pas, mais jusqu’où ?
Laissez moi vous raconter cette anecdote qui est arrivée, il y a quelque année, à un ami pilote professionnel sur 757.
Alors qu’ils étaient dans la phase d’approche, à Kenyatta, le système informatique embarqué tombe en panne.
Les alarmes retentissent, les écrans clignotent dans tous les sens, etc...
Et soudain, une suggestion de l’informatique embarquée s’affiche à l’écran : "arrêtez les moteurs."
Alors en supprimant l’être humain, qui en toute logique ignorera cette suggestion, et en le remplaçant par l’ordinateur, n'y a-t-il pas le danger qu'à l'avenir l'ordinateur embarqué ne se contentera pas de suggérer mais l’exécutera cette suggestion ?
Avec la nouvelle philosophie de ces ingénieurs, le pilote pourra-t-il intervenir ?
Conclusion tout a fait personnel mais je pense être dans une approche correcte :
1) "L’ordinateur prendra toujours la décision de sauver la machine au détriment des vies humaines. Un pilote aura la faveur de sauver la vie humaine, au détriment de la machine."
2) "L’avion doit être adapté d'outils utiles et contrôlables au service de l’homme, et pas vice versa. Ou, pour formuler différemment : L’homme doit commander la machine, et ne pas permettre à la machine de commander l'homme."
3) "L'homme doit rester le protecteur de ses erreurs, pour cela il peut s'aider de machines."
4) "Nous ne pouvons pas changer l’humain, mais nous pouvons changer les conditions dans lesquelles il travail."
5) "Les concepteurs doivent, dans leurs conceptions automatisées futures, avoir une plus grande considération envers les capacités analytiques de l'être humain."
6) "Aussi longtemps que la technologie sera incapable de remplacer complètement l'être humain, les dernières limites de celui-ci doivent fixer les normes."
Et vous, votre réflexion ?
Bon vols à toutes et tous.
F-THIE