Salut,
Je suis content que ce nouveau sujet suscite votre curiosité...
Je dirais même que 5 Nm c'est bien peu, au regard des courants verticaux et de l'effet de "machine à laver" sur les bords...
Euuuh sinon moi je pilote que les petits Navions.... raison de plus.
Voici un diagramme qui représente en gros la dynamique du cunimb':
(dsl c'est du schleu... j'ai pas trouvé mieux lol)
cliquez ici pour agrandir l'image
La grosse question soulevée ici concernait principalement les IFR privés, qui volent sur des avions qui ne disposent pas forcément de systèmes de détection. Ainsi si on vole en IMC, le pb se pose si les cunimbs sont noyés dans la masse nuageuse (i.e. EMBD comme embedded cette fois c'est de l'anglais).
J'ai vécu plusieurs cas de pénétration en CB EMBD en pratiquant des vols IFR, en tant que passager. En particulier, à deux reprises en se rendant à Chambéry Aix les Bains. Dans le premier cas, l'avion était un 172RG, un vol d'instruction classique, au départ de Dijon Darois. A hauteur de Lyon, alors en conditions IMC au niveau de vol 80, de fortes précipitations se mettent à tomber. Puis très rapidement la grêle succède à la pluie. Au commandes, un pilote instructeur sur Mirage 2000, et un stagiaire IFR. En places arrières, moi et un pilote IFR qui vient pour se "remettre dans le bain" il sera servi... Le contact avec Genève est rapidement perdu, des grésillements apparaissent à la radio. Des turbulences commencent à se faire sentir. Des éclairs illuminent la masse nuageuse qui s'assombrit et prend une couleur bleu nuit, alors qu'il est 14h00! des grelons de forte taille frappent maintenant l'avion. L'instructeur prend la décision de faire demi-tour, mais nous avons franchi la marge du cunimb. Déjà, le vario affiche 2000 ft/ min en montée (peut-être plus, vu qu'il est à toc...) la vitesse augmente rapidement, l'altitude augemente vertigineusement; notre assiette à piquer doit avoisiner les -20 degrès, et l'avion continue à monter, le moteur est réduit et l'indicateur de P.A. sonne... Mon voisin me fait un signe de la main pour me faire partager ses émotions, et je l'approuve mais reste calme, les mains froides collées à mes jambes. Le transpondeur est passé sur 7400, panne radio... après inspection, il s'avèrera que l'eau s'était infiltrée dans les joints des antennes... Le calvaire dure encore quelques minutes, nous sommes secoués comme dans un panier à salade... Puis soudain, on ressort du cunimb, 3000 ft au dessus de l'altitude indiquée par le plan de vol, et on se pose au plus vite. La radio étant inutilisable, l'instructeur téléphone au BRIA de Génève, très inquiet, puisqu'en surplus de la radio qui ne marchait plus, l'antenne du transpondeur avait elle aussi cessé d'émmettre.
Le second cas était lors d'un retour de Chambéry vers Metz sur TB10 en vol IFR. Je suis en place droite, le pilote est un IFR avec 1000h de vol. Après un bon repas au resto qui donne sur le tarmac (que je conseille par ailleurs), nous montons dans l'avion et nous empressons de partir, vu l'aggravation météo très grave donnée par le prévisionniste. Cependant, cette dernière avait été plus rapide que prévu. A peine quitté la tour de chambéry, alors que nous remontons l'ILS en Inverse, un grin barre la vallée. Nous nous disons que "ca va passer", "que ca n'a pas l'air très méchant". Au niveau de vol 70, nous rentrons dans la couche. Deux minutes plus tard, la grèle commence à bombarder l'avion. Le vario, après une chute à 500ft/ min pendant quelques secondes, part à fond en montée... A ce rythme le niveau 100 autorisé pour la croisière, est atteint en une minute. A nouveau, nous sommes secoués comme dans un panier à salade. Heureusement, le TB est très souple dans les rafales et dispose d'un allongement moins élevé que d'autres avions type cessna ou piper, ce qui le rend plus stable. Les ailes plongent chacune à leur tour dans le vide lorsqu'une rafale nous atteint. L'avion se retrouve facilement à des inclinaisons de 60 degrès à droite et à gauche, notre assiette à piquer étant de 20 degrès environ. Je prends les commandes et réduis la PA, alors que notre pilote cherche un aérodrome de dégagement. Je m'inquiètes aussi quand au dérèglement de nos instruments gyroscopiques soumis à de violentes accélérations. Les radios et les vors sont inutilisables. L'aiguille d l'ADF s'oriente vers les éclairs, lorsqu'ils "tombent". Et c'est la que la loi de Murphy, ou loi des séries, ou de l'emmerdement maximum, -c'est selon- joue son rôle : la pluie mélangée à la grêle commence à rentrer par les bouches d'aération au niveau de tableau de bord. Malheureusement celles-ci sont bloquées (dans la panique nous n'avions pas réussi à les fermer). L'eau ruisselle sur les feuilles d'approche Jeppessen du pilote, et celui-ci voulant en extraire une du classeur, en fait envoler la moitié en cabine, ces dernières se repandent partout dans l'habitacle. Pendant ce temps, la grêle continue son travail et la bande de goudron servant à monter dans la cabine commence à s'arracher. La vitesse approche dangereusement de la V.N.O.. La passagère arrière est malade et a pris peur, elle pousse des petits cris de temps en temps quand un rabattant est plus fort que les autres, ce qui ne fait que stresser les pilotes qui sont occupés à trouver une sortie de cette situation dans laquelle ils se sont fourrés. Et soudainement, c'est le retour au calme; nous sommes sortis du cunimb. Genève contrôle, avec qui nous récupérons le contact, nous demande si tout est en ordre, et nous prenons une route adaptée. C'est la demi-finale de la coupe du monde de foot, les pilotes demandent les résultats au contrôleur, ce qui détend l'athmosphère. Nous soufflons. Derrière lui, le cunimb a laissé un sol innondé, qui témoigne de la violence du phénomène. Encore une expérience, qui nous invitera à être plus prudent.
En résumé, mieux vaut ne pas partir, même en IFR, si des CB sont annoncés.
Bonne lecture.
A+
JP