Zoulou Uniform Mer 8 Mar 2006 - 19:44
Je rentre à 15 heures chez moi et je trouve IP sur la table ! A table donc, on va se régaler (avouez que la présentation d'Info Pilote donne plus qu'envie de le lire !)
Sommaire intéressant, l'Aquila est testé, ça donne envie de lire l'article, d'autant plus que notre Aéroclub du Finistère à Thomas et moi en possède deux de ces jolies machines. Une chose que l'on remarque immédiatement, c'est l'optimisme que je qualifierais d'un peu forcé, des rédacteurs de la revue fédérale. Notez par exemple à la page 30, l'encadré rose, qui vante les mérites de l'avion importé par la société Aérolithe: "J'ai fait essayer l'Aquila à tous les instructeurs du club, avec rapport écrit. La révolution ! Même les plus chiants ont été conquis.". Si je ne suis qu'un jeune blanc-bec fraichement breveté, je me permets d'émettre quelques objections face à tant d'optimisme:
Je me fie sur mes expériences personnelles (j'ai déjà volé sur ce type) et sur les observations de mon instructeur, 12.000 heures de vol, un nombre incalculable de machines pilotées. Tout d'abord, un avion d'instruction ne doit pas être un avion excessivement difficile. Avez vous vu un élève débuter l'instruction sur un avion qui a une propension à planer très importante ? C'est le cas de l'Aquila, comme du Da-40. Je rappelle que l'Aquila a été conçu par des concepteurs de planeurs et qu'il a une finesse de 17 à mettre en rapport avec le 10 de finesse d'un DR400. Cette propension à planer rend les atterrissages particulièrement délicats, nous avons par exemple eu 2 incidents de train (ammortisseur flambé et carénage de roue cassé) suite à des atterrissages foireux. Autre grave défaut de cet avion, une sensibilité au vent très importante, et pour un élève c'est pas ce qui est le plus souhaitable, quand on se concentre sur un arrondi et que l'avion part violemment de côté. A basse altitude, le risque est encore accru de se payer une jolie gamelle... Cet avion est, comme l'ont constaté ceux qui ont déjà volé à son bord ou qui ont lu l'article, très moderne (je suis moi même impressionné par cette modernité) mais cette modernité risque fort de causer un certain nombre de désagréments pour un avion école... L'électronique est omniprésente à bord, les compensateurs par exemple qui sont actionnés électriquement par un petit bouton qui est couplé à un indicateur électronique sur le tableau de bord pour connaitre leur position, les volets sont également électriques, ce qui pose pas mal de soucis quant à leur fiabilité et à leur entretient (les DR400 sont équipés d'une sorte de frein à main qui actionne les volets, assez encombrant mais très fiable !). En ce qui concerne l'électronique embarquée, le GPS est digne d'un avion très haut de gamme (il suffit de regarder le catalogue pour voir son prix assez exorbitant !), là encore je doute que ce "gadget" soit si utile sur un avion école... Je dois cependant admettre que l'Aquila, avec tous ses défauts que je mentionne ici, est un avion qui est certainement très bien pensé pour un pilote légèrement expérimenté et qui parcourt des distances plus longues (le cockpit est d'ailleurs très confortable). La vitesse de croisière le rend adapté à la navigation et sa faible consommation lui autorise une grande autonomie.
Voila, ma messe s'achève sur ce bilan, un avion qui n'a pas sa place - selon moi - dans un objectif d'école, mais qui s'adresse comme je l'ai dit plutôt à des pilote déjà un peu plus expérimentés (peut-être 50 heures de vol ?)
Jean