La gestion de la chaîne d'approvisionnement sera essentielle pour Boeing et pour son grand concurrent européen Airbus, qui cherchent à développer leurs marges sur une nouvelle génération d'avions utilisant des matériaux composites pour consommer moins de carburant.
"Compte tenu de la brutalité de la guerre engagée pour les conquêtes de parts de marché, et dans une industrie où les clients ont des marges très faibles et où on promet des rabais à tout le monde, il faut vraiment prendre garde au coût de la chaîne d'approvisionnement", a déclaré vendredi l'analyste Richard Aboulafia (Teal Group) lors du sommet sur l'industrie aérospatiale et militaire (Reuters Aerospace and Defense Summit). "C'est l'une des principales incertitudes qui nous attendent."
Boeing et Airbus sont en passe d'enregistrer le meilleur exercice de leur histoire, grâce au redressement des voyages aériens et à une forte demande des transporteurs proche-orientaux et asiatiques.
Mais Boeing, qui a eu du mal à faire face à sa dernière forte hausse de production à la fin des années 1990, s'efforce de ne pas rencontrer cette fois les mêmes difficultés.
"Nous avons des conversations constantes avec nos fournisseurs", a déclaré lors du sommet Randy Baseler, vice-président du marketing de l'aviation civile chez le constructeur américain.
PRUDENCE DE BOEING
Boeing a récemment surpris certains analystes en maintenant sa prévision de production inchangée à 395 avions pour 2006, au lieu de la relever après qu'une grève eut réduit cette année sa production d'une trentaine d'avions.
En amont de la chaîne d'approvisionnement, les constructeurs de moteurs aéronautiques et de pièces détachées éprouvent déjà des difficultés à se procurer des métaux tels que des alliages de titane et de nickel.
"L'approvisionnement de notre industrie est difficile, particulièrement depuis plusieurs mois", a déclaré Louis Chenevert, président de Pratt & Whitney, filiales moteurs aéronautiques de United Technologies. "Il restera tout à fait difficile."
Les prix du titane ont ces derniers temps augmenté de quelque 30 à 40%, a-t-il observé. Ce métal, utilisé dans la fabrication des trains d'atterrissage, du fuselage et des circuits hydrauliques, sera encore plus crucial pour les avions de la prochaine génération tels que le Boeing 787 Dreamliner et l'Airbus
A350.
Louis Chenevert a estimé que Pratt & Whitney disposait d'"outils formidables", tels que des logiciels de planification, pour gérer l'afflux de commandes sur des appareils comme le Boeing 737 et l'Airbus A320.
International Aero Engines, sa coentreprise avec Rolls Royce, le japonais Aero Engines et l'allemand MTU Aero Engines Holdings, est l'un des deux motoristes de ces avions.
Goodrich, qui fournit lui aussi Boeing et Airbus, a également fait état de hausses des prix des matières premières sur des éléments tels que les pièces de trains d'atterrissage forgées.
Mais certains fournisseurs sont relativement épargnés par ce problème.
Clay Jones, directeur général de la société de matériel électronique Rockwell Collins, a ainsi déclaré que celle-ci rencontrait beaucoup moins de difficultés qu'à la fin des années 1990, époque où la concurrence sur les matériaux était beaucoup plus vive avec les autres sociétés technologiques.
Il a toutefois reconnu que le problème de la hausse des prix des matières premières risquait de se poser à tout moment pour "tout secteur utilisant des métaux spécialisés."
Source: http://aolinfo.aol.fr/article.jsp?id=13282750