Un tiers du trafic aérien britannique est désormais assuré par des compagnies à bas prix et cette proportion devrait s'étendre à l'Europe dans les prochaines années, le modèle "low cost" tel que le développent easyJet et Ryanair (Dublin: RY4.IR - actualité) résistant bien aux aléas du secteur.
En août, pour la première fois, Ryanair a transporté plus de passagers que British Airways (London: BAY.L - actualité) et la compagnie irlandaise compte doubler son trafic d'ici 2012, à 70 millions de personnes, pour devenir le premier transporteur européen.
"Il leur sera difficile de continuer à croître aussi vite que ce que nous avons vu au niveau du trafic passagers, mais je crois qu'ils parviendront toujours à trouver de nouvelles villes, de nouveaux pays où s'étendre dans les prochaines années", anticipe Penelope Butcher, analyste de Morgan Stanley (NYSE: MWD - actualité) , citant notamment la Turquie.
Elle chiffre à 16-17% la part de marché actuelle des "low cost" en Europe et estime, d'après celle de JetBlue et SouthWest Airlines (NYSE: LUV - actualité) aux Etats-Unis, que cette part de marché devrait atteindre entre un tiers et 40% avant saturation.
"La question clé, c'est la demande. Je ne la vois pas ralentir avant un moment", souligne Duncan Alexander, directeur de l'Official Airline Guide, société d'études et de services pour le secteur.
"Les clients commencent à élaborer leur itinéraires avec leurs propres connections. Si vous êtes en Islande, vous pouvez vous rendre dans le sud de la France en achetant deux billets à bas prix" via Stansted, l'aéroport fief de Ryanair au nord-est de Londres, ajoute-t-il.
"Il y a un nouveau genre d'hommes d'affaires, qui ne voyagent qu'à bon marché. Le Royaume-Uni est une économie avec beaucoup de gens à leur compte, beaucoup de petites sociétés, qui ne peuvent se payer les tarifs des compagnies traditionnelles", en particulier sur les allers simples, constate Mike Powell, analyste de Dresdner Kleinwort Wasserstein (DKW).
Le modèle économique des "low cost" résiste bien, en outre, aux aléas du secteur, le personnel et les coûts étant réduits par un taux de réservation sur internet proche de 100% et un service minimum à bord.
Parallèlement, les compagnies multiplient les sources de revenus annexes: ventes de produits dans les avions, location de véhicules et réservation d'hôtels, mais aussi, pour Ryanair, réduction du poids maximum des bagages autorisé et surtaxe accrue en cas de dépassement.
Le degré de résistance varie, cependant, avec la taille des compagnies, en témoignent les faillites récentes de l'italienne Volare, de la française Flywest ou de l'irlandaise EUJet.
"Il y a des économies d'échelle. Ryanair et easyJet ont désormais atteint des tailles significatives, qui leur permettent de passer de bons accords avec les constructeurs d'avions et les aéroports", explique l'analyste de Morgan Stanley.
Easyjet (London: EZJ.L - actualité) dessert actuellement 66 destinations en Europe pour un total de 166 routes, avec 114 avions. Ryanair assure 260 routes et dessert 108 destinations, avec 92 avions.
Le fait de n'assurer que des vols moyens-courriers limite aussi, alors que le pétrole est cher, la facture de kérosène. "Ryanair a pu augmenter le prix de ses billets de trois ou quatre euros par vol, sans appeler cela officiellement une surtaxe, tout en restant bien moins cher que British Airways qui surtaxe ses moyens-courriers d'environ 12 euros", affirme Penelope Butcher, de Morgan Stanley.
Une autre parade est enfin la diminution du nombre de places effectivement vendues à prix réduit sur chaque vol.
"Il est désormais plus difficile de trouver les promotions que l'on voyait sur Ryanair et easyJet dans le passé, avec des billets à une ou deux livres. Ils annoncent de telles promotions mais cela ne dure pas longtemps et il est très difficile de trouver des places à ce prix".
source : AFP