L'avionneur européen Airbus compte procéder d'ici mi-octobre au lancement industriel de l'A350, un long-courrier destiné à concurrencer le 787 de son rival Boeing, et qui devrait bénéficier d'aides publiques européennes, au risque de provoquer l'ire américaine.
"Nous avons l'intention de lancer l'A350 durant la première quinzaine d'octobre, avec l'assentiment de nos actionnaires" EADS (80%) et BAE Systems (20%), a indiqué mercredi le nouveau patron d'Airbus, Gustav Humbert, devant quelques journalistes.
Airbus, qui a requis des avances remboursables auprès des gouvernements européens partenaires (France, Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne) "à hauteur d'un tiers" du coût du programme (4,35 mds EUR), est confiant d'obtenir des réponses favorables "autour de la date de lancement".
"Jusqu'à présent, nous avons des discussions positives. Nous sommes en bonne voie", a commenté M. Humbert.
De tels engagements, s'ils étaient confirmés par les pays européens concernés, mettraient de l'huile sur le feu au contentieux qui oppose l'UE aux Etats-Unis sur les subventions dont bénéficient leurs avionneurs.
Washington, qui conteste l'attribution d'aides à Airbus, a remis en cause le dispositif des subventions à l'aéronautique en vigueur depuis 1992 et porté l'affaire devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
"Tout engagement à verser des fonds (...) signalerait la poursuite de l'octroi de subventions pour l'A350 et ce serait un pas dans la mauvaise direction", a averti fin août l'administration américaine.
"Les gouvernements sont sous pression des Etats-Unis pour ne pas attribuer ces avances", a reconnu M. Humbert.
Pour Airbus, toutefois, plus question de retarder encore l'industrialisation de l'A350, repoussée une première fois de juin à fin septembre, puis à octobre.
"Nous voulions donner aux parties un peu plus de temps pour négocier", a expliqué le patron d'Airbus, qui a succédé en juillet à Noël Forgeard. "Mais il arrive un moment où il faut lancer l'avion".
L'A350 doit rivaliser avec le futur 787 "Dreamliner", fer de lance de Boeing pour regagner sa première place dans l'aéronautique civile.
Pour l'heure, l'appareil américain, dont la mise en service est prévue en 2008, a pris une longueur d'avance avec 263 commandes et intentions d'achat. Peu gourmand en carburant, il suscite l'enthousiasme des compagnies aériennes dans un contexte de flambée du prix du pétrole.
Mais Airbus semble déterminé à rattraper son retard et promet de totaliser 200 commandes pour son avion d'ici fin 2005, contre 130 aujourd'hui.
Le segment de marché (230 à 285 sièges) est porteur: plus de 3.000 appareils de ce type devraient être écoulés sur 20 ans.
L'avionneur européen démarche également les compagnies aériennes pour son autre programme-phare, l'avion géant A380, qui a déjà engrangé 159 commandes, dont 149 fermes.
Selon M. Humbert, Airbus discute avec 10 à 15 clients potentiels.
Après un retard à l'allumage -- le très gros porteur sera livré à partir de fin 2006 soit avec six mois de retard --, Airbus compte donner au programme sa vitesse de croisière. Le groupe envisage d'augmenter le rythme de production de ses A380 au delà de 4 par mois à partir de 2008. "Nous avons déjà tout vendu jusqu'à la fin 2010", a expliqué M. Humbert.
Au final, le constructeur aéronautique compte livrer entre 360 et 370 appareils cette année, puis plus de 400 l'année prochaine, a affirmé son patron.
Des chiffres suffisants pour conserver à moyen terme le premier rang mondial devant Boeing, qui compte livrer 320 appareils commerciaux en 2005 puis 390 l'année suivante.
source : AFP