Apparement ce n'est pas forcément le bon forum pour ces sujets, j'essaie quand même d'insister encore un peu si jamais ça intéresse une ou deux personnes.
Hier je vous avais laissé avec une bonne partie des pièces nettoyées, aujourd'hui il est temps d'attaquer le travail sur les culasses que je veux garder en spare.
La très grande majorité des problèmes de compressions viennent de défaut d'étanchéité au niveau des soupapes, très loin devant les fuites par le bas moteur. Donc on va refaire l'étanchéité entre les soupapes et leur siège. Pour celà je vais usiner les sièges selon un angle de 45° (portée de la soupape). Je commence donc par mettre en place des guides, à la place des soupapes.
Ces guides serviront de support à la fraise, qui permet d'usiner selon un angle de 45° ou 30° (dans un sens ou l'autre).
Ensuite le travail est assez simple, j'usine la portée de la soupape avec le côté 45°, puis je diminue au besoin la largeur de la portée (pour avoir plus de pression d'appui) avec le côté 30°.
Ensuite j'attaque le rodage des soupapes. Je les colle avec une petite ventouse, puis je garnis la portée de pâte à roder. Comme les sièges ont été usinés à la fraise, je mets directement du grain fin... J'y reviendrais !
La soupape en place sur la culasse, on la fait tourner sur elle même, un peu comme si on voulait allumer un feu avec du bois, tout en la décollant régulièrement en levant la ventouse. La soupape doit coller un peu quand on lève la ventouse, signe que le contact se fait bien un peu partout.
Quand on a bien rodé on essuie soupape et siège, puis on les inspecte, il ne doit pas y avoir de zone brillante, signe que le contact se fait à priori bien.
Ensuite il faut très bien nettoyer les culasses et les soupapes (j'utilise de l'essence puis du diluant nitro dans un pistolet à peinture), pour enlever absolument toute trace de pâte à roder. Après on peut attaquer le remontage. Les ressorts de soupapes ont un sens, le côté ou les spires sont plus serrées (en bas sur la photo) se monte côté culasse (à l'opposé des coupelles).
Je mets de l'huile sur la portée et les tiges des soupapes (d'autant que je veux stocker ces culasses comme ce sera mes spares!) et je les remets en place dans la culasse.
Puis je compresse les ressorts en appuyant sur les coupelles avec l'outil qui va bien.
Puis je remets les deux clavettes demi-lune en faisant preuve de calme et de patience ;)
La culasse est finie (il manque juste la rampe de culbuteurs que je garde pour mes culasses neuves, je la transfererai sur la culasse spare si je m'en sers à l'avenir).
Je peux maintenant faire l'épreuve des soupapes. Pour celà je remet la bougie, je remplis les chambres de diluant ou d'essence, et j'y vais à la souflette dans les admissions et les échappements. Toutes les admissions sont ok. En ce qui concerne les échappements...
De "jolies" bulles sur LES QUATRES, je redémonte donc tous les échappements. L'explication vient du fait que les soupapes étaient récentes, donc j'ai décidé de les conserver. Comme j'ai usiné les sièges à la fraise, j'ai fait le rodage directement au grain fin, ça a bien marché pour les admissions qui n'étaient pas trop usés, mais pour les échappements qui s'usent plus le rodage n'a pas assez usiné la soupape (elle n'est pas passée à la fraise contrairement au siège). Donc je refais le rodage au grain gros, puis nettoyage pour enlever toute trace de pate, à nouveau au grain fin, et tout est étanche. Les deux culasses sont huilées un peu partout puis stockées dans des sacs de congélation pour une bonne conservation.
Il est maintenant temps de commencer à travailler sur le vilebrequin. Je démonte les bielles et leurs coussinets, qui seront remplacés comme toutes les pièces d'usure.
Têtes et chapeaux de bielles sont appairés.
Le numéro du cylindre est aussi inscrit sur la tête de bielle.
La suite demande pas mal d'outillage technique et de savoir faire, j'attends donc le retour d'el maëstro de l'atelier de mécanique, dont vous allez voir les grosses paluches sur les photos qui suivent
. Il sort son gabarit pour mesurer le voile du flasque d'hélice au comparateur. Si il est hors-côtes à cause du faux rond du vilebrequin, il n'y a plus qu'à le remplacer car on ne peux pas le ré-usiner (on enlèverait le traitement de surface)
C'est un contrôle à faire en particulier en cas de choc sur l'hélice, qui peut être fait, assez difficilement, sans tout démonter, si on arrive à pousser le vilbrequin en avant pour combler les jeux. A ce sujet, sur le RF5 qui est à train rentrant, en cas de problème de train (qui ne veut pas sortir), le mieux est soit d'arrêter le moteur avec l'hélice horizontale, soit de se poser avec de la puissance : dans ce cas l'hélice va casser à cause de la rotation du moteur avec peu de risque de dommage au flasque et au vilebrequin. Poser hélice verticale calée est le pire, l'hélice va casser (ou plier) dans le mauvais sens avec un fort risque pour le reste de la mécanique. Le RF5 a un démarreur, du coup je peux au besoin tourner l'hélice au démarreur, mais normalement je la monte pour qu'elle soit horizontale quand le moteur s'arrête. Les monoplaces RF3 et RF4 n'ont pas de démarreur, et ils ne peuvent pas mettre l'hélice horizontale au montage pour pouvoir démarrer à la main, donc c'est plus compliqué !
Mais revenons à la mécanique, on poursuit avec l'extraction du flasque d'hélice (bel extracteur spécial, utiliser un extracteur à griffes la quasi-certitude de flinguer le flasque). Avec le pétard (clé à chocs) on ne galère pas à bloquer le vilebrequin.
Ensuite un nouvel extracteur pour sortir les engrenages de l'arbre à cames et de la pompe à essence, ce qui nous permet de retirer le dernier coussinet.
Le vilebrequin est maintenant complétement à poil, après un bon nettoyage on peut attaquer les mesures au comparateur sur chaque emplacement de coussinets.
On fait deux mesures à 90° et on compare les résultats avec les documents du constructeur, on voit qu'on est "comme neuf" sur les paliers et très bien sur les bielles.
Allez j'arrête là pour aujourd'hui