J'ai décidé d'ouvrir ce post afin de vous raconter mon expérience en cours de formation à l'IR privé. J'ai moi-même eu beaucoup de mal à l'époque à trouver des informations et retours d'expériences sur le déroulement de celle-ci. J'ai pu lire beaucoup d'avis de toutes sortes de personnes hésitants à se lancer. Des avis positifs ou critiques et de nombreux questionnements qui m'amènent aujourd'hui à témoigner afin d'éclairer les pilotes en recherche d'informations. Ceci est un récit un peu mêle-tout sur ma formation à peine entamée, un mélange de constats et d''avis volontairement subjectifs car les bons moments et les difficultés ne vont pas manquer je le sens... Attention ce topic est dédié aux infos et curieux de la formation IR, il n'est pas question ici des éternels débats "ça sert à rien", "on peut pas voler en cas de givrage", "l'IMC en monomoteur moi je ferais pas", etc !
Voici pour le profil : Aurélien, 25 ans, jeune diplômé et en partance prochaine pour une expérience professionnelle à l'étranger. Titulaire d'un PPL depuis mes 20 ans et formé à Bondues, dit Lille-Marcq (LFQO), cela fait plus d'un an que je vole à Saint-Cyr, étant devenu entre deux étudiant sur Paris. Je vole autant par passion que par plaisir, et je compte profiter de la joie de tutoyer les nuages ad vitam aeternam, mais toujours en temps que privé.
L'IR apporte bien évidemment les bénéfices directs que nous connaissons tous. C'est tout d'abord cet aspect qui m'a plu, associé au fait que je veux pouvoir voler en toute quiétude quel que soit mon pays d'établissement, car la vie d'expat' ne serais pas pour me déplaire ces prochaines années.
Il y a un an j'ai décroché mon théorique IR National (nom de l'époque...) via la formation Mermoz. En soit rien de bien compliqué, il faut juste bosser un peu comme on s'en serait douté ! J'ai fait le paris un peu fou de profiter des trois mois disponibles entre ma remise de diplôme le mois dernier et mon départ pour me lancer dans ce qui représentait pour moi un graal : la formation pratique. Il faut dire que si je n'avais pas profité de ce créneau je ne sais pas trop comment j'aurais pu faire. Mon expérience à l'étranger à venir pouvant durer plus longtemps que prévu et mon "papier" n’étant valable encore que deux ans.
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Petit apparté...
Passer son pratique en trois mois...c'est bien joli mais comment me direz-vous ? Deux choix s'offrent au privé : aéroclub + ATO (pour les cours théoriques obligatoires, le simu...), ou le passage par ATO tout cours (et donc y prendre toutes les leçon en vol). La première, bien que séduisante, nécessite d'étaler son apprentissage sur bien plus de temps, les formateurs IR des clubs contactés évoluant en milieu associatifs sur des terrains souvent limités (herbe, pas d'éclairage ou d'ATS, etc). L'ambiance aéroclub c'est le top, mais le planning reste contraignant et j'avais peu de chance de condenser tous mes vols en si peu de temps. C'est tout a fait normal par ailleurs : on est un membre parmi d'autres, aucune raison d'être privilégié et de vampiriser les créneaux à soi tout seul !
Reste l'ATO...affreusement cher me direz-vous ? Eh bien oui et non à ce que je peux constater. Oui effectivement la formation impacte plus sur le porte-monnaie, et les devis se sont révélés environ 2500€ plus importants, passant grosso modo de 10000 à 12500€ (si tout se passe bien, dans un cas comme dans l'autre il faut être conscient que l'on va shooter le budget de 10 à 20% en heures de vol supplémentaires). Cependant le surcoût reste bien plus « raisonnable » que ce à quoi je m'attendais pour être honnête. Attention je parle du delta entre les deux formations, quoiqu'il en soit il est clair que l’IR privé (ou CBIR désormais) est un luxe !! J’ai eu la chance extraordinaire (incroyable et magnifique même !) d’avoir des parents prêts à m’avancer la moitié de la somme, le reste provenant de mes économies personnelles, mais c'est une autre histoire. Dans le cadre d’une formation à temps complet avec cette dispo, c’était pour moi la solution la plus évidente.
De fil en aiguille et de vor en ils, me voilà donc atterri depuis 2 semaines chez Air & Compagnie qui m'ont offert le meilleurs compromis sur le temps dans les tarifs standards des ATO de la région parisienne. Passer de membre actif à client m'a fait très bizarre au début : le petit 172 G1000 de ma formation à venir se trouve à l'étroit dans un hangar mélangeant entre autre Citation, hélicos, DA42 et une bonne petite dizaine de Cirrus de tous poisl. À propos de poils, tous sont brillants et fringants comme frottés quotidiennement à la peau de chamois. Ajoutez à ça les locaux nickels et ostensiblement classes et le café Nespresso offert et on peut dire que l'ambiance et l'atmosphère de débrouille de nos bons vieux aéroclub...manque instantanément ! J'en demandais pas tant, mais c'est leur position sur le marché qui veut ça dirons-nous ! Quoiqu'il en soit, et malgré le côté impersonnel de l'affaire, rien à dire on a affaire à de vrais pros passionnés et vraiment super sympas une fois la glace brisée (c'est en tout cas le cas des deux instructeurs avec qui j'ai débuté les cours aux sol, mais j'y arrive...).
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La formation se décompose ainsi :
- 30h de cours au sol
- 25h de simulateur
- 15h de vol en conditions IMC ou avec de jolies lunettes fumées
Le dur du sujet viendra bien assez tôt, je n'en suis aujourd'hui qu'aux cours au sol, déjà un sacré morceau ceci dit. Je tiens à préciser que si je n'avais que peu de souvenir de mes révisions de l'examen théorique, les items reviennent vite, mis à part les plus techniques. Ça avance assez vite et après 10 jours me voilà avec presque les trois quarts du programme terminé, j'avoue que j'ai hâte de tâter du simu, mais rien ne sert de courir...car inutile d'y prendre place sans le bagage technique, à moins de vouloir perdre des sous pour rien ! Un petit amphi cabine G1000 s'est intercalé dans tout ça, je possédais déjà ma variante EFIS Avidyne donc rien de bien méchant. À ce propos, si vous vous lancez dans l'aventure faites vous former en aéroclub en EFIS avant, ça sera toujours moins cher Image
Les cours se décomposent en douze modules plus ou moins passionnants (aaah la réglementation !), mais étonnamment pertinents pour la plupart. Je reconnais que je craignais que l'enseignement "bien de chez nous" implique un aspect pratique occulté par de la mélasse de théorie pure. Cependant je dois reconnaitre que les instructeurs se plient en quatre pour mettre en avant "l'utile", tout en évitant de passer trop de temps sur des points qui tiennent plus de la culture qu'autre chose. Est-ce le fait de l'école choisie ? Je n'en sais rien, mais la pédagogie est bien là malgré des slides powerpoint qui tournent parfois en rond !
Alors, c'est dur ?
Bah...une fois de plus oui et non ! Pour l'instant en tout cas, vu que je n'ai pas débuté la pratique ! Honnêtement rien d'impossible, tout le monde peut y arriver à son rythme. J'ai pu lire sur un autre forum une conversation qui m'avait franchement fait flipper : deux gars y discutaient de leur formation, l'un n'avait même pas débuté le pratique qu'il hurlait au dégoût en expliquant que si c'était à refaire il ne se lancerait pas, qu'il voulait juste voler tranquille en IMC. Trop de choses à retenir, des procédures à savoir réaliser par cœurs en fonction de nombreux paramètres, et une - grosse - dose de calcul mental et de trigo. On le sentait déçu et ce n'était pas pour me mettre à l'aise. J'espère réussir ci-après à vous apporter quelques élément de réponses quant à la réalité du CBIR sous sa forme actuelle.
Je le redis, rien d'impossible...à condition de bien comprendre ce qu'on désire atteindre ! Chaque jour de recul m'apporte un peu d'éclaircissement là-dessus. En faisant cette formation on veut être pilote IFR, c'est à dire voler dans des conditions protégées sans la vue du sol, et cela implique un apprentissage certain pour suivre des itinéraires extrêmement précis. Il faut prendre conscience qu'en se préparant à l'IR on désir savoir naviguer, il ne s'agit plus du même type de plaisir car on est énormément contraint dans sa liberté d'évolution. Fini la balade au sens de profiter du paysage un dimanche en discutant avec sa nana assise en place droite : il faut être préparé, sérieux, concentré et rigoureux tout au long du parcours, c'est épuisant lors de l'apprentissage et cela nécessite des heures et des heures de pratique pour enfin être à l'aise, mais quelle fierté une fois à l'arrivée !!
Étant ingénieur, je pense que la principale source de difficulté de certain vient notamment des nombreux calculs mentaux à faire et à maitriser presque sans réfléchir pour un non matheux. Pas facile de maitriser ses cosinus et autres interceptions de radiales sous des angles anticipés au degré près et sous pression, quand on a les chiffres en horreur depuis toujours comme j'ai pu le lire. Mais croyez moi, c'est possible et faisable, il faut juste se laisser du temps !
Un dernier point important et vécu pour terminer. Je sais que je prends mon pied quand je lis mes cartes et que je me retrouve inondé de documentation aéro à analyser et décortiquer au sol ou en vol. C'est un vraie question à se poser avant d'entamer la formation. Ceux que ça fait emm** et qui désirent rejoindre le ciel d'un simple coup de manche sans se prendre la tête n'aimeront pas forcément l'IFR...après je peux me tromper, et l'aspect pratique pourrais au final les décider...dur dur, à chacun de réfléchir à ce qu'il veut en faire et là où il trouvera son plaisir dans cette activité que je trouve à ce stade toujours aussi exceptionnelle
Désolé pour le pavé, j'espère que cela aidera certains à avancer dans leurs idées et réflexions sur l'IR privé. Auquel cas je continuerai le récit de ma formation régulièrement pour vous faire part de mes impressions lors de ma formation (BIENTÔT LE SIMUUUUUUU !!)