...
- Zoulou India, en courte final piste 22
- Fox-Zoulou
India, autorisé atterissage piste 22 !
- On atteri Zoulou
India."
On sort les pleins volets, surveille la vitesse,
on vise correctement les plots, et tout ira bien ! Comme d'habitude !
C'est un de mes moments préférés : l'atterissage. L'arrondi est
parfaitement réussi, et je pose l'avion en "kiss" sur le bitume chaud de
la piste 22 de l'aéroport de Rouen. Nous sommes le 23 Mai 2010, il est
9h30. "Quel pilotage de précision" m'aurait alors dit mon instructeur
s'il avait été à ma droite ce jour là, dans mon très cher Robin Dr400.
Un formidable petit vol local au dessus de la vallée de la Seine. Ce
genre de vol qu'on espère pouvoir recommencer très vite, quand on viens
chatouiller le ventre des nuages de beaux temps, traverser l'air chaud
et humide d'un été pluvieux, qui perturbe l'air dans son calme
habituellement plat. C'est dans ces moments que je ressents un plaisir
infini, et indescriptible.
J'ai bien rangé l'avion, et refait le
plein, après avoir casiment vidé le réservoir. J'ai croisé mon
insctructeur, qui m'a alors demandé comment c'était passé mon vol ! Je
lui ai répondu que je m'était fait plaisir, en passant au dessus de la
maison de mes grands parents, comme à mon habitude.
Je m'appelle
Edouard, j'ai 17 ans, et ma passion n'est autre que l'aéronautique. Je
souhaite devenir pilote de ligne, un rêve d'enfant qui, un jour,
j'éspère deviendra réalité ! J'habite à dans la banlieue Sud de Paris,
et je viens régulièrement voler à Rouen, où je passe également les weeks
ends chez mes grands parents. Je comptabilise une quarantaine d'heures
de vol, et je commence à préparer mon brevet PPL. J'en rêve depuis que
j'ai commencé à voler; pouvoir emmener des membres de ma famille dans
mon paradis aérien, ou voler de mes propres ailes dans les endroits les
plus merveilleux que les paysages Français puissent nous révéler ! Il me
reste encore un peu de travail pour y arriver ! J'ai commencé
relativement jeune: à 15 ans, j'ai passé mon BIA, puis à 16 ans, mon
Brevet de Base, (ou BB), et désormais, je souhaite monter au niveau de
croisière.
Après avoir remplis tous les papiers administratifs
concernant mon vol de ce matin, je suis monté dans la voiture, fatigué
de ce vol que je me suis appliqué à mener à la perfection, c'est à dire
fesant attention de tenir altitude et vitesse, etc.
Avec mes
parents nous retournions à Paris, où je m'appretais à repartir, mais
dans un Embraer 135 de Air France à destination de Munster, en
Allemagne.
Arrivée dans l'aérogare, et après avoir enregistré les
bagages, je m'installe devant la porte d'embarquement. Je me plaît
alors à ressortir les checks list de l'avion dans lequel je m'apprêtais à
entrer, que j'avais trouvé sur Internet quelques jours plus tôt.
"Fuel
Pomp Power............Two on
Stearing.............................Inop
Doors................................Closed
...
"
Quelques jours auparavant, j'avais également réussi à trouvé
cet avion sur internet, pour mon simulateur de vol. J'avais alors
effectué des vols nationnaux, en respectant le plus fidèlement possible
la réalité, et les instruments de bords de l'appareils ! J'était
incolable ! Je connaissais le fonctionnement de n'importe quel des
boutons, ou des commandes, en sachant me servir de toutes ces dernières !
Tellement préssé de rentrer dans ce magnifique engin, j'était le
premier devant la porte d'embarquement, avec mon classeur de
checks-lists à la main, et j'avais bien l'intention de demander au
pilote de m'accorder un petit instant pour discuter à propos de notre
passion commune. C'est pourquoi j'avais sortis ma carte de licencié de
la FFA au cas où elle me serait demandée pour entrer dans le cockpit.
Je
me suis installé à ma place, côté hublot bien sûr, afin de pouvoir
observer le ciel dans toute sa splandeur. Après le décollage, le stewart
est venu me voir pour me demander si j'avais une preuve que j'était
élève pilote (comme je l'avais prétendu lorsque j'avais demandé à ce
dernier s'il pouvait demander aux pilotes de m'accueillir dans leur
bureau). Je me suis alors retrouvé pendant 30 minutes dans le cockpit
d'un Embraer 135, en compagnie de deux pilotes certainement des plus
sympathiques. C'est au moment du repas que je suis retourné à ma place,
avec toutes mes questions désormais accompagnées de leur réponse. C'est
là que tout à basculé.
Les deux pilotes, victimes d'une
intoxication alimentaire ce sont retrouvés hors d'état de piloter leur
appareil. La panique commençait à monter au seins des passagers, nous
n'étions plus qu'a une centaine de nautiques de notre aéroport d'arrivé,
et la descente avais déjà été entamé... par le pilote automatique. Mon
coeur s'est mis à battre rapidement, je me suis senti tout faible tout à
coup. C'est alors que le stewart qui avait déjà les larmes aux yeux, et
imaginant déjà le pire, s'avança vers moi, alors que l'hôtesse de l'air
aidait les pilotes casi-inconscient à sortir de la cabine de pilotage. A
ce moment précis, il m'a regardé avec insistance. Un regard qui voulais
dire beaucoup. J'ai compris qu'il comptait sur moi, "le plus capable de
poser cet avion " me disait-il. Je n'ai pas pu répondre, et j'ai
d'abord fait non de la tête, tellement terifié à l'idée de prendre les
commandes d'un tel appareil. Il ne m'a pas laissé le temps de réfléchir,
et m'a emmené dans le cockpit, à fermé la porte derrière lui, et c'est
assis dans le siège du co-pilote et m'a regardé en me disant :
"Qu'attendez vous ?" J'était terrifié, et immobile à l'idée de m'assoir
dans ce siège, alors que j'apercevais la distance restante à parcourir
sur le MFD, qui n'était plus que de 84 miles. Le stewart avait l'air
d'avoir regagné son sang-froid et m'a déclaré de nouveau : "Depêchez
vous ! Il faut faire descendre cet avion ! Debrouillez vous ! Si vous
n'essayez pas, nous allons tous mourir. Asseyez vous". C'est alors que
j'ai pris la place du commandant de bord, ne réalisant pas la tâche qui
m'attendait. Je me suis alors retrouvé dans un univers étrangement
familier. Rapellez vous, je connaissais l'avion par coeur. C'est à ce
moment là que j'ai senti que je pouvais peut être faire quelque chose
pour les 23 passagers derrière mon dos, et moi même. J'ai tout de suite
repéré les commandes les plus usuelles. J'ai sortie la check-list de mon
sac, et je l'ai effectuée, sans rencontrer aucun problème. Mon avion de
simulateur s'averait alors être très proche de la réalité, pour ne pas
dire totalement conforme à la réalité. J'ai tout de suite mis le
transpondeur en position emergency, c'est à dire avec le code 7700. Dans
l'instant qui suivait, le controleur me demandais de m'expliquer sur
cette manoeuvre. Avec un anglais hésitant, j'ai alors expliqué
brièvement ma situation. J'ai réglé sur le pilote automatique le taux de
descente que j'avais l'habitude de mettre sur mon simulateur, puis
l'altitude souhaitée. L'avion s'est alors incliné tout en douceur, comme
s'il avait voulu faire les chose du mieux qu'il le pouvait. Pour ma
part, je ne m'attendais à aucune autre réaction de la part du pilote
automatique que d'obéir aux ordres que je donnais. De plus, j'était
habitué à ce genre de manoeuvre dans mon simulateur. J'ai alors réduit
la puissance des moteurs afin de ne pas prendre trop de vitesse. Le
stewart ne savais que faire, et m'a demandé s'il pouvait m'aider ! Je
n'ai pas répondu, tellement concentré sur les choses à ne pas oublier.
Le controleur m'a annoncé que j'était en contact avec un pilote Français
expert dans les Embraer, et que je pouvais parler dès à présent. Il m'a
d'abord indiqué qu'il avait été mis au courant de la situation. ll m'a
alors expliqué toutes les manipulations que je devais réaliser durant
la descente.
Quelques instant plus tard, j'avais intercepté l'ILS
de la piste 27 de l'aéroport de Munster. J'apercevais déjà au loin les
trois camions de pompier près à m'accueillir. Mon coeur s'est remis à
battre très fort. La tension commençait à monter sérieusement, et mes
mains tremblaient. Le pilote toujours en communications avec moi
m'indiquait les dernières recommendations avant de tenter l'impossible :
"Poser l'avion avec le moins de dégâts possible" m'a-t-il dit. J'avais
trois rouges au PAPI, j'était trop bas. J'ai remis un peu de gaz afin de
rattraper mon plan. J'ai sorti les volets, puis les trains.
C'est
à quelques centaines de mettre de la piste que j'ai débranché le pilote
automatique. L'avion s'est subitement cabré, car le pilote automatique
maintenait stable la position de l'avion grâce aux compensateurs avant
que je le débranche. L'avion a perdu beaucoup de vitesse, et par peur,
j'ai remis plein gaz revoyant encore mes instructeurs me dire : "la
vitesse, c'est la vie !". J'ai réussi à restabiliser l'avion, en me
servant des compensateurs manuellement. J'ai réduit la poussé des
moteurs. J'entendis alors une voix robotique m'indiquant mon altitude
tous les 100 pieds à partir de 500 pieds. Chaque nouvelle annonce était
comme un nouveau poids sur mes épaules. Mon plan était toujours correct.
C'est quand je suis arrivé à 5 mètres au dessus de la piste que j'ai
réduit complètement les gaz. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir à mon
arrondis que déjà l'avion, le nez en l'air, avait touché le sol chaud de
la piste 27 de l'aéroport de Munster. J'ai tout de suite enclenché la
poussé inverse, puis les spoilers, et à ce moment là, j'ai eu très peur.
Impossible de me rappeller la position des freins. J'ai alors eu le
reflex certainement inadapté mais de dernier recour, d'enclencher les
freins de parking. L'avion à brusquement ralentis en mettant tout son
poid sur la roulette de nez. Tout vibrait, le bruit était intense, mais
diminuait au fur et à mesure qu'on ralentissait. Je voyais la vitesse
qui dégringolait rapidement, et je me disais déjà que j'avais réussi.
Après quelques dixaines de mètres de freinage, j'ai repris mes esprits.
Je me suis alors rendu compte de ce que je venais de réaliser.
J'entendais les passagers qui applaudissaient, et le stewart qui ne
m'avais pas lâché du regard pendant tout ce temps à sauté dans mes bras,
me félicitant de toutes les manières dont il le pouvait. J'ai informé
le pilote toujours en ligne, en plaisantant, que j'avais l'intention de
finir le travail commencé, et que j'irais mener l'avion jusqu'à sa place
de parking attribuée. La tour de controle qui n'en revenait pas m'a
alors indiqué le chemin pour rejoindre cette dernière. J'ai remis les
gaz, et j'ai roulé jusqu'à la prochaine bretelle de sorti, puis jusqu'à
la porte Tango2. J'ai alors éteint les moteurs, et effectué la check
list "Parking". Et je suis sortis du cockpit, en héros. Les 23 passagers
m'attendais avec impatience pour me remercier. Je n'était plus
moi-même; et en même temps, je n'arrivais pas à réaliser que je venais
de poser un avion de ligne. Je me voyais déjà sur la une des journeaux
français et allemands, sur les plateaux de télévisions, ou autour de
journalistes curieux de tout savoir sur moi.
C'est alors que mon
père m'a secoué pour me reveiller. "Nous sommes arrivés Edouard,
reveille toi ! Tu dois préparer ta valise pour partir à Munster !"
Vous
savez, quand vous rêvez, vous n'êtes pas conscient que ce que votre
cerveaux invente est de la pur fiction, en quand vous vous reveillez,
vous maudissez celui qui vous a sorti de ce rêve. En tout les cas, je me
remémore à chaque fois que je monte dans un avion, cette après midi de
Juin, où je me suis endormis trop vite, pour me reveiller trop tôt.
Auteur: Edouard Fourmaux-Lainé et disponible sur http://www.ivao.fr/dep/Recit/recit40.html