Le Vendredi 29 Mai 2009, trois mois après le vol d'initiation, je commençais ma formation au Brevet de Base.
Le Mercredi 30 Décembre 2009 je fût lâché solo pour la première fois de ma vie. Moment mémorable. Sept mois après le début de ma formation.
Enfin, Mercredi 1 Septembre 2010, j'obtiens ma licence de Brevet de Base sur DA20 à Pontoise. Moment... magique. Un an et trois mois après le début de ma formation.
Récit de cet examen...
Après avoir passé la matinée et l'après-midi à effectuer mes 1h45 de solo nécessaires, et après avoir préparé la nav pendant une heure à l'aéroclub, voici que Jean-Louis revient (en avion) avec un ami.
J'avais déjà effectué la pré-vol 10 minutes plus tôt. On étudie le dossier de vol ensemble et on monte dans l'avion.
Tout est à bord, tout est près (même moi). Il faut dire que j'ai poireauté avant près de 30 minutes, le temps de décompresser et de se préparer.
Je démarre l'avion en suivant la checklist. Il est près de 19h00, alors que les contrôleurs commencent à décompresser, moi, je suis au taquet.
Une fois le roulage pour la 05 terminé, j'effectue rapidement et proprement les essais moteurs. RAS. Briefing décollage :
"Après décollage piste 05 on virera à gauche dans la vent-arrière en montée vers 1300 pieds, puis en début de vent-arrière, mise de cap sur NW, pour suivre et intercepter la radiale 301° en éloignement de PON en montée vers 2000 pieds"
On continu le briefing sur les pannes, puis (après avoir obtenu la clearance) on s'aligne et on décolle piste 05.
Puissance affichée, badin... actif, pas d'alarme(s).
Hop ! C'est parti pour l'examen.
On vire tranquillement sur le 301 de PON. Mais je ne trouve pas le château d'eau de NW, et pour cause, j'ai le soleil en pleine face !
Je décide alors d'ouvrir légèrement mon cap à droite... Magie, je vois alors NW !
Je note l'heure de passage sur NW ainsi que la prochaine HEA (Heure Estimée Arrivée), prends mon cap, vérifie les instruments moteurs ainsi que la précession, et me voilà bon !
Le vol aller se passe très bien. Je me situe bien avec ma carte. On dévie un peu sur la droite, mais je rattrape le coup. L'avion, bien trimé, maintient très bien l'altitude (de 2000 pieds).
On approche d'un plan d'eau, celui qui nous situe à deux minutes de la verticale. Je m'annonce alors sur la fréquence A/A d'Etrepagny, 123.5.
"Etrepagny FGNQD bonjour"
...
"Etrepagny FQD, DA20 provenance Pontoise à destination... d'Etrepagny, trois minutes de la verticale"
Je ne vois alors toujours pas la piste d'Etrepagny, et pour cause, le soleil est toujours dans mes 10/11 heures. Je cherche alors la ville d'Etrepagny et... Bingo !
Une fois la ville en visuel je sais "d'expérience" que la piste est juste à sa droite.
On se rapproche, et vite je localise le petit hangar blanc. Sans lui, la piste d'Etrepagny serait introuvable, car même si c'est une piste en herbe, il n'y a pas de balisage au sol. Juste une micro flèche pour indiquer le seuil décalé.
On approche de la verticale, je me décale un peu à droite pour visualiser le manche à air, qui indique la 12, avec tout de même un fort vent de travers. Comme d'habitude à Etrepagny quoi...
On intègre donc en montée initiale. On vire en étape de vent-traversier, pendant laquelle je vais commencer à descendre à l'altitude du tour de piste (1000 pieds).
En vent-arrière, nous ne sommes toujours pas à 1000 pieds... Quand on arrive en fin de vent-arrière, presque au travers de la ville d'Etrepagny, je me dépêche de préparer l'avion (pompe réchauffe volets), puis vire en base.
La base est rapprochée, peut-être même trop. Je commence donc à descendre en début de base.
On vire en finale, petit overshoot dû au vent de travers mal anticipé. J'attends d'être bien "stable" avant de sortir plein volets.
Comme d'habitude encore à Etrepagny, grosse turbulence en très courte. Je touche 2 mètres avant la flèche qui indique le seuil décalé... Approche mal calculée, je ne dois pas poser avant un seuil décalé.
Bref, je pose avec un p'tit rebond, et remet les gazs après avoir rentré les volets et coupé la réchauffe. Une fois en l'air, je note l'heure (pour le journal), puis vire à droite au cap.
PANNE MOTEUR !
Je check rapidement les magnétos sur both, et choisi - vite - mon champ. Pas très dur, j'en trouve un en face de moi, qui est aussi face au vent. Il me faut juste effectuer une petite manœuvre, sorte de PTS. On remet les gazs en courte, et c'est reparti sur le cap, retour Pontoise.
On passe les 1000 pieds et...
PANNE MOTEUR !
C'est reparti ! Cette fois on check la totale. Pompe, magnétos, réchauffe, starter, robinet carbu et plein petit pas avant. Choix du champ. J'effectue encore une manœuvre (PTS toujours) pour atteindre le champ. Mais cette fois l'approche est manquée, j'arrive légèrement trop bas. J'aurai manqué le champ de 5 mètres si j'avais dû m'y poser... Bon, on remet les gazs, tans pis !
Retour sur Pontoise, toujours en montée, Jean-Louis m'annonce :
"Bon quand on arrive à 2000 pieds tu me fais un décrochage"
On arrive donc à 2000 pieds, je met d'abord l'avion palier et en régime de croisière. Puis je prépare le décrochage.
Sécurité, pompe, réchauffe, PMC (puissance maximum continue), gaz plein réduit.
Je cabre, cabre... cabre...... Ça décroche tranquillement, je remet les gazs et termine avec succès ce premier exercice de mania.
A présent, il me demande de faire un virage serré.
"Heuu à droite ou à gauche ?"
"Tu tournes c'est tout ce qui compte !"
Je vérifie la sécurité en virage, et alors que je remet PMC et 27", Jean-Louis me montre par un petit geste que la réchauffe est toujours tiré... Pas bon du tout !
Je pousse donc la réchauffe (OFF), et commence mon virage à droite. L'altitude se maintient bien, je check la vitesse, le vol est (plus ou moins...) symétrique, c'est bon.
"Allez dans l'autre sens"
Gros coup de manche à gauche, et je repars dans un virage à 45°. Alors que je commence tout juste à mettre les ailes à plat... Jean-Louis braque les commandes à gauche : virage engagé.
Réduction immédiate des gazs, je mets les ailes à plat et, doucement, je cabre l'avion.
On sors indemne de tout ça (l'estomac un peu moins...). Et on reprend, pour de bon, notre cap sur Pontoise. Cette fois, j'ai finis la mania, je le sais.
J'aperçois "l'obstacle" au loin, la tour radio/télé. Je sais qu'elle représente exactement la limite de la TMA de Pontoise. Il est donc temps de s'annoncer...
"Pontoise re-bonjour FQD"
"Bonsoir"
Merde... ! Je viens de me rendre compte que j'ai oublié l'ATIS ! Tans pis, je dois quand même me lancer :
"FGNQD, DA20 provenance Etrepagny à destination de vos installations, on est à deux minutes de l'entrée de zone, vers heuu NW..."
Bon, la fin du message est assez bizarre ("vers heuu NW"), mais le contrôleur me comprend... On met notre code transpondeur, et il nous clear directement dans le circuit, pour entrer en base gauche 05.
Je poursuis sur NW. Puis, à NW, comme j'ai pu le faire lors des mes 1h45 solo effectuée quelques heures avant, je suis la voie-ferrée du train de banlieue, qui me mènera jusqu'au golf (repère pour la base).
Le golf est en vue. Je commence alors à préparer l'avion...
Pompe, réchauffe. Je réduis 17 pouces, arrivé à la Vfe (81kt), je sors un cran de volets et remet 20 pouces. Sauf que... dix secondes plus tard je remarque que la lumière des volets n'est toujours pas allumée. Je regarde s'ils sont sortis, mais bien sûr, ils ne le sont pas.
Une fois la panne de volets constaté et annoncée, je regarde Jean-Louis l'air de dire...
"Heuu on fait quoi ? Tu remets le breaker t'es gentil hein ?"
Et, comprenant ma question il me répond :
"Bah tu atterris sans volets !"
Je n'y avais même pas pensé tiens. Bref, en fin de base, nous sommes numéro 2, le précédent est un... devinez... un Cessna 152 (hispano quand tu nous tiens !). Je demande aussi à Jean-Louis si c'est un complet, il me répond oui.
Je le vois au loin, et je décide d'ouvrir un peu à droite ma base pour avoir une bonne marge, car l'après-midi, quand j'étais en solo, j'avais du remettre les gazs "à cause" d'un autre 152 qui posait un peu en prenant son temps...
On arrive en courte finale, la contrôleuse (fatiguée) nous autorise à l'atterrissage. Je pose assez bien l'avion, quand Jean-Louis crit :
"REMISE DES GAZS !!"
Je rentre immédiatement un cran ainsi que la réchauffe, et je remets plein gazs.
"FEUU A BORDDDD !!!"
Heuu... Tu te fous de moi là petit coquin ? Bon, aujourd'hui j'suis sympa, je tiens à ma vie, donc je réduis les gazs et freine aussi fort que je peux.
Sur ce (drôle) de dernier exercice, je demande quand même à Jean-Louis :
"C'est fini c'est fini ?"
"Oui :-)"
Je dégage la piste, soulagé... Je commence à réaliser, à décompresser un peu.
"Fox Québec Delta roulez et quittez par Bravo au CPAC"
"Bravo et le CPAC Foxtrot Québec Delta, très bonne soirée et à bientôt"
"Vous de même"
On arrive au hangar, je coupe le moteur.
Jean-Louis me regarde avec un petit sourire. C'est le sourire qui veut tout dire. Le sourire qui te dit "Félicitations l'ami".
Le débriefing n'est pas long. Il est vraiment positif, à l'exception de l'atterrissage sur Etrepagny, deux mètres avant le seuil décalé, qui est une (petite) infraction et de deux trois erreurs... Jean-Louis souligne aussi les efforts incroyable que j'ai fais depuis la dernière navigation.
Si, avant chaque vols j'avais pour coutume de me préparer et de tout bien réviser à l'avance. Ce vol, je ne l'avais pas du tout prévu ni révisé. Et pourtant, je me suis surpris moi même, car en effet, j'ai très bien géré ma navigation. Je n'ai pas été dépassé par les évènements, j'ai bien anticipé. Bref, j'étais tellement concentré dans le but d'obtenir mon Brevet de Base que j'ai donné vraiment le meilleur du meilleur de moi même.
Voilà, il commence à se faire tard, presque 20h00, et le verdict tombe... J'ai gagné mon Brevet de Base.
Que dire. Le soleil commence à se coucher, ainsi que les contrôleurs. D'ailleurs, l'image est vraiment magnifique. Depuis la fenêtre de l'aéroclub, je vois ce ciel, un peu violet/jaune/orange, avec de magnifiques Cirrus... Un ciel magnifique. C'est le ciel que je pourrai conquérir à présent, seul... Ça fait drôle.
Je remplis avec joie, toute la paperasse qui va bien. Je papote avec Jean-Louis qui a été un instructeur fabuleusement-incroyablement génial, et qui même s'il peut être dur et sec, ça a toujours été pour mon bien, et pour ma progression. Toute façon, j'ai bien l'intention de le revoir en vol, à mes côtés. Car le retour en instruction me semble "capital" pour la sécurité.
Sur ce, nous rentrons.
Waaw ! Une journée pareille je m'en souviendrais. Deux vols solo, j'ai vu une patrouille de Fouga Magister faire une arrivée au break alors que j'étais verticale, 1500 pieds au dessus d'eux, et bien sûr, j'ai obtenu ma première licence aéro, mon Brevet de Base.
Une journée... incroyable.