Puis les années sont passées, les premiers pas dans l'aviation, les premières leçons, les premiers solos, le premier brevet, et enfin la liberté. Finalement, ce n'est plus si inaccessible.
Par un concours de circonstances, néné se retrouva a faire des études pas loin de chez moi. La rencontre sur aérodrome était désormais possible. Et oh... il se trouve que néné a déjà fait pas mal de vols en formation maintenant, et que j'ai été initié à cette pratique cet été.
On a donc plannifier un vol et un petit programme, qu'on répéta plusieurs fois sur simulateur (il ne faut pas rigoler avec la règle du "zero doutes").
Jour J. Je monte à l'aérodrome très tot pour avoir le temps de préparer soigneusement l'avion. Ca fait longtemps que je n'ai pas volé alors il faut faire ça bien. Décapotage du moteur et vérification attentive. Je suis seul sur la plate-forme. Coup de chance pour un élève PPL qui devait faire tamponner son vol. Je traine l'avion à l'essence, 330kg sur un peu plus de 100m en pente, c'est pas rien. L'avion est prêt, dernier coup de fil pour confirmer le vol et l'heure de départ.
Je récite comme une machine la check-list que j'ai appris par coeur.
Magnétos coupés, tout est en place et à portée de main dans le cockpit, casque ceinture porte, contact, intercom, essence ouverte, starter, quelque pompages. Coup d'oeil, anti coll, freins, 1er démarrage raté, 2ème ça tourne. Et cette fichu radio, qui fait souvent sa chieuse, semble bien fonctionner.
Roulage et la check du point d'arrêt: Freins, commandes libre fonctionnelles et dans le bon sens, circuit essence vérifié, autonomie rappelé (+ de 3h pour un vol de 2h avec marges, ya de quoi faire), starter bien coupé, alti recalé, essais moteurs, vérification attentive du ralenti (j'ai eu droit à un calage en finale au vol précédent, mais du à une mauvaise manip de la manette), harnais serré, portes fermés, instruments moteurs ok, au décollage 5000tr, piste dur large et bien assez longue, si soucis majeur en dessous de 300ft go tout droit, si au dessus demi tour envigeasable.
Décollage et TDP basse hauteur pour vérifier si tout va bien sans perdre trop le temps.
On est parti. Pour faire en sorte que ce vol soit complet, je me suis concocter une petite nav basse hauteur avec un point de passage précis (sans repères significatifs aux alentours pour être obligé de le trouver à l'estime), en l'occurrence un village. Je commence à prendre un cap approximatif, préparer mon estimation de temps de vol (un pouce = 5 NM et FB de 0.7). Et...... je sors ma boussole pour prendre mon cap (compas toujours déréglé). Boussole dans la main droite, manche dans la main gauche, et prise du cap au pied (pour les quelques degrés de correction). Pas très académique, mais ça marche. J'identifie un repère au loin et c'est parti.
Tout se passe bien, j'arrive au terrain d'arrivée avec un léger retard (vent de face oblige). Néné est déjà sur place, je l'entend à la radio et il m'entend bien aussi. Tant mieux. J'entame l'intégration et la descente vers la vent arrière... Mmmh que j'aime pas ces petites vibrations à 2000tr. Je me retrouve alors en finale sur un plan fort. Bon bah, vlam, plein pied, full glissade. Non vraiment, c'est pas drôle. La ville sous les pieds, veiller sur le badin, sur le tachymètre (je n'ose réduire plus), sur la piste. La glissade m'amène pile sur le seuil, je décrabe au dernier moment et grand soulagement lorsque les pneus caressent le goudron avec une douceur que je n'avais jamais connu jusque là.
Néné m'attend sur le parking et joue à celui qui guide aux signes les avions au sol. Je constate que l'atterrissage a fait sensation vu la tête de néné et de ses pax, mais c'était pas fait exprès (même si la glissade est devenue assez familière).
Néné ne veut pas s'attarder à cause de la météo. On reste à peine 10min au sol. Après tout, on est là pour voler. Derniers rappels sur le petit programme et la sécurité.
Néné: Tu te souviens avant, quand on se disait sur IL2: "plus tard on fera de la patrouille en vrai"? Et ben ca y est.
Je décolle le premier et prend cap vers le point de départ du programme (en gros il s'agissait de faire 2 huit autour de 2 petites villes).
"Néné de cui², je me cale à 2250ft et je prend cap vers le 1er patelin". Et là je me dis "Merde... je me suis perdu". Enfin c'est un grand mots, je sais où je suis en gros, mais je ne vois pas la première ville alors qu'elle devrait être pas loin. Je cherche désespérément la correspondance entre ce que je vois au sol et sur la carte. Pendant ce temps Néné se tient derrière moi en attente. Cette situation dure quelques minutes et je finis par apercevoir le repère devant moi.
"Cui², patelin trouvé... j'étais un peu perdu".
Début du programme. Comme prévu j'entame un 270° le temps que néné arrive, ce qui me fait prendre un cap vers la 2ème ville. Néné arrive dans mes 5h avec son Dr400 plus rapide. A bonne distance il avance jusqu'à mes 3h et break à droite. Je ne peux pas m'empêcher de balancer un "c'est magnifique" à la radio. Rien de plus magique que de voir un avion de prêt en vol. Surtout un Dr400 avec ses belles formes, les reflets du ciel qui vont bien, et ce break (plan de vue qu'on retrouve très souvent dans les films d'ailleurs). Il se place ensuite à ma droite. On fait notre premier huit sans encombres, comme prévu. Ca va bientot être mon tour. Pour échanger les "roles", Néné va breaker à droite et je suivrais quelques secondes après. Et on entamera le 2ème et dernier huit.
"Break à droite, toi en premier, dans 30sec...............Et pour le break... TOP".
Il part à droite, je suis quelques secondes après.
Début du rassemblement. Il ne faut pas le nier: Je prend mon pied. J'enroule sa trajectoire par le dessus pour éviter sa turbulence de sillage et me placer à l'intérieur du virage pour rejoindre. C'est comme si tout m'étais déjà familier. D'abord l'écartement & l'étagement, puis le retrait. La tenue d'une formation est définitivement mon exercice favoris. J'oublie vite la magie du vol en formation et je me concentre pour tenir un écartement d'une envergure (entre nos bouts d'ailes), mon aile légèrement derrière sa dérive, et maintient de l'étagement. Je prend un plaisir fou à "branler" sans cesse de manche, corriger les gaz, donner des coups de pieds. j'essaie la ligne de front. Pas plus difficile, juste qu'il faut se tordre un peu le cou. Je me remet en place avant le virage par la gauche. On sent qu'il faut bien tirer et mettre des gaz pour rester en place (inversement si j'étais à l'intérieur du virage). A l'intérieur du Dr, l'un des passagers fait un signe à son voisin en agitant sa main comme une queue de poisson. Il attire l'attention sur mes ailerons qui sont en train de bouger dans tous les sens. Je l'ai dessuite compris car c'est aussi quelque chose que j'avais adoré remarquer lors du 1er vol en formation. Ca rend l'avion vivant. On approche déjà de la fin, cad l'éclatement finale et le croisement. Je ressens une légère fatigue dans les bras à force de braquer les ailerons. Après la séparation, on se retrouve en face à face sur l'axe d'une route, chacun de son coté. On se rapproche, et néné donne l'ordre pour la mise en virage une fois qu'on se voit dans nos 10h "héééééé.... TOP". On entame chacun un virage à 45°, dos à dos, à environ 100-200m l'un de de l'autre, et on prend ensuite nos caps respectif pour rentrer. C'est ainsi qu'on se quitte.
Je rentre en repensant deja nostalgiquement au vol. 2 TDP pour reprendre confiance avec le ralenti de cet avion, que j'aime.
A refaire...