Bon allez, je vous passe les détails sur notre visite de Berlin en vélo et je passe directement au vol de retour. Nous faisons donc nos adieux à cet aéroport si particulier qu'est Tempelhof.
Mon père est aux commandes pour le retour Berlin-Valenciennes en IFR. Autorisés à mettre en route, nous roulons vers le point d'arrêt piste 27R via le grand taxiway nord-est, nous avons notre clearance, nous décollons.
C'est parti pour un vol qui ne s'annonce pas reposant : un fort vent de face (25kt au début, et jusqu'à 40kt sur la fin) et des cunimbs... Nous sommes autorisés FL100, comme demandé sur le plan de vol, seulement au FL100 on est pile au niveau de la couche de nuage, et comme on est au dessus de l'iso 0°C, on givre un peu :
Bon rien de bien méchant, après une zone de soleil, ça fond. Mais la situation n'est quand même pas terrible. On hésite à monter au FL120, à ce niveau on sera surement au dessus des nuages, donc plus tranquilles, mais bon quel vent de face on va récupérer ? Bon finalement on demande le FL120, bilan : on a bien fait, le vent n'est pas vraiment plus fort, et on a plus qu'à slalomer un peu pour éviter les plus gros nuages. A la radio, on entend des dizaines d'avions de ligne demander des déviations "pour évitement", comprendre "pour évitement de gros nuage à l'air peu sympathique", c'est rassurant ... En plus, à 100Kt ça va durer longtemps tout ça. Enfin, on se dirige clairement vers une zone de moins beau temps, les sommets des nuages montent et finissent par nous rattraper.
Nous sommes toujours au FL120, la température extérieure est de -6°C, et nous rentrons dans un nuage, on regarde les ailes, pour l'instant ça va, puis il commence à pleuvoir. Bizzarement, on ne givre pas mais ce n'est quand même pas rassurant. A ce moment, il se met à pleuvoir des hallebardes. Là franchement j'ai commencé à vraiment m'inquiéter : vu la température extérieure, pourvu qu'on se ramasse pas une sorte de pluie surfondue qui gèle quand elle arrive sur l'avion, pourvu qu'on prenne pas de grêle non plus. Inquiets par le risque de givrage, nous demandons à descendre au FL80 qui est légèrement en dessous de l'ISO 0°C. Nous nous mettons donc en descente à 400-500ft/min, et quelques secondes plus tard, ça se met à pas mal turbuler, on tente toujours de descendre, mais le vario affiche +1500ft/mn malgré le moteur maintenant réduit. A ce moment là j'ai vraiment commencé à paniquer, et la première chose que je me soit dit c'est quelque chose du genre : "Et merde, on est dans un CB". Bon finalement il s'est heureusement avéré que ce n'était pas le cas, et ça n'aura duré que quelques secondes, mais honnêtement, moi qui n'ai pas l'habitude de ce genre de choses, ça m'a paru long.
Arrivés au FL80, nous sommes déjà plus tranquilles en ce qui concerne le givrage, nous sommes juste toujours obligés de slalomer entre les grains, mais ce n'est pas le principal problème. Le plus gros problème, c'est qu'au FL80 on récupère un vent de face encore plus fort, jugez-en vous même :
Comme on peut le voir : 43kt de face ! Heuresement on arrive bientôt, pacque là ça commence à faire beaucoup.
Notre arrivée sur Valenciennes s'est déroulée ensuite sans trop d'encombres, sauf sur la fin où un grain passait sur le terrain juste au moment de notre arrivée. On a tenté d'atterir, mais ça turbulait trop : remise de gaz. Le temps de refaire un circuit, le grain est passé, mais on a toujours un vent plein travers de 18kt avec rafales à 27kt, et c'est toujours assez turbulent. En plus après un long vol comme celui-ci, un pilote est rarement au top de sa forme pour l'aterro. Mais bon, au final, mon père s'en est pas trop mal sorti malgré le vent plein travers, les turbulences et les rafales, et pour ma part, après toutes ces émotions, je suis pas faché d'être posé.
Nous refuelons à Valenciennes avec un vent à décorner les boeufs. C'est moi qui doit faire le vol VFR Valenciennes-Rouen. Je regarde le ciel, là où on va, c'est là où le ciel est le plus noir. Franchement je le sens pas, surtout après le coup de stress du vol précédent, je suis toujours un peu sonné. Mon père téléphone à la tour de Rouen, qui lui annonce un temps plutôt beau, avec des passages de grains. Donc à priori c'est bon.
Nous redécollons donc de Valenciennes, moi aux commandes, après avoir attendu le passage d'un grain. Une fois de plus, nous sommes priés de rester en dehors des zones de Cambrai. Une fois sortis, on se stabilise donc à 2000ft pour une séance de slalom. Sur notre gauche et notre droite, on voit des nuages vraiment menaçants, mais ce n'est pas sur notre route ... heureusement. Finalement nous arrivons à Rouen en même temps que le PA28 turbo qui est parti une heure après nous de Berlin et qui a fait le vol d'une seule traite. Après une petite attente pour le laisser effectuer son approche ILS, je pose l'avion sans problèmes juste après lui, soulagé d'être enfin à la maison !