Une antenne relais dans un avion ? Le défi est périlleux. En installer
une au niveau du plancher des vaches ou du toit des immeubles n’est
déjà pas une mince affaire. L’envoyer en l’air relève donc d’un sacré
tour de passe-passe technologique et suscite nombre d’interrogations. À
commencer par celle des interférences avec l’électronique embarquée de
l’avion.
"Le téléphone mobile n’a jamais perturbé les commandes de vol, car il
ne fonctionne pas sur les mêmes fréquences, explique Alain Charoy,
spécialiste des compatibilités électromagnétiques. Mais ils peuvent, en
revanche, brouiller les liaisons radio avec le sol." Voilà qui est dit.
Cela étant, au nom du principe de précaution, les constructeurs
d’avions n’ont jamais été très "chauds" pour autoriser l’usage du
mobile dans l’avion. Reste que, en l’absence de tests grandeur nature,
c’est le flou intersidéral. En France, chez Airbus, où l’on suit depuis
dix ans les questions liées à la connectivité, les premiers essais ont
débuté en septembre 2004. Olivier Charlanes, directeur Business unit 2
G chez Sagem, se souvient : "Airbus nous a demandé des outils de test
pour effectuer des mesures très précises sur ce qui se passait entre le
mobile et le réseau, notamment au niveau de la puissance d’émission."
Le projet, convaincant, est alors sur les rails.
Un an plus tard, l’avionneur Airbus et le Néerlandais SITA, fournisseur
d’applications informatiques et de communications aéronautiques,
s’associent au sein d’un consortium, OnAir, dans le but d’offrir un
service de téléphonie mobile aux passagers aériens. La livraison et
l’installation des systèmes sur un Airbus A320 opérant sur les lignes
d’Europe de l’Ouest sont prévues pour 2006.
Un avion test entre Paris et Varsovie
Mais le dossier avance plus lentement que prévu. "Nous avons été un peu
trop optimistes", confie Valérie Blanc, responsable technologique chez
OnAir. Il faut, en effet, l’accord du ministère de la Défense, des
Transports, de l’Arcep, le régulateur des télécoms. Parmi les points
qui posent problème : la question des fréquences. OnAir utilise les
mêmes que les opérateurs mobiles (1 800-1 900 MHz). Celles-ci ont été
attribuées pour fonctionner au sol et pas à 10 000 mètres ! En fait,
les opérateurs craignent que le fait de téléphoner en vol ne perturbe
leurs réseaux. Pour obtenir la certification de l’EASA (European
Aviation Safety Authority), le système mis au point par OnAir doit donc
être inattaquable sur ce point.
Pour permettre, isoler et sécuriser les communications, Airbus, en
charge du développement et de l’intégration du dispositif dans les
systèmes électroniques existants, s’entoure donc de partenaires
technologiques tels que Siemens, Thales et Immarsat. L’entreprise
allemande de télécommunications fournit les stations GSM/GPRS, placées
dans le plafond ainsi que des "channel selectors" (sélecteurs de
canaux), lesquels empêchent les périphériques d’entrer directement en
contact avec les réseaux terrestres.
De son côté, le Français Thalès fabrique l’antenne satellite à bord
ainsi que l’ensemble de l’électronique associée. Enfin, les
communications reposent sur le "SwiftBroadband" des satellites
géostationnaires d’Immarsat. Ce Service IP (Internet Protocol) de
dernière génération gère simultanément la voix et les données et
fournit 432 kbps par canal, en émission et en réception, soit aussi
rapide que le réseau EDGE, le "turbo" du GPRS. L’A318 d’Air France qui
sert actuellement d’avion-test sur la ligne Paris-Varsovie dispose de
deux canaux, soit une bande passante 864 kbps. Ce qui s’avère plutôt
confortable pour surfer sur le Net à partir d’un ordinateur. L’accès à
Internet et aux réseaux d’entreprise sera, en effet, le prochain
service proposé par OnAir en 2009.
Tout le monde ne pourra pas téléphoner en même temps
Pour l’instant, sur les vols Air France, le téléphone mobile dans
l’avion ne sera développé que s’il est plébiscité par le public. Après
les communications par SMS, MMS et mail, la deuxième phase de test, qui
concerne les appels vocaux, n’a commencé que début avril. Ce n’est
qu’en juin que le constructeur, fort des appréciations et commentaires
de ses clients, décidera de l’intérêt de mettre en place une offre sur
ses vols.
Le coût reste un frein évident. Plusieurs études montrent que les
passagers rechigneraient à payer des droits trop élevés. Côté
tarification, les communications sont facturées par l’opérateur du
client à des tarifs comparables à ceux du roaming, pratiqués lorsqu’on
voyage à l’étranger. Pour l’heure, silence total d’Orange et SFR, au
motif que l’expérimentation est en cours jusqu’en juin. Contacté par
lepoint.fr, Bouygues Télécom avance des prix correspondants à la zone
Chine, soit 2,30 euros/min en émission et 1 euro/min en réception. Mais
attention, tout le monde ne pourra pas téléphoner en même temps : sur
Air France, la taille du tuyau n’autorisera que 12 communications
simultanées ; cinq sur Emirates Airlines avec le système concurrent
Aéromobile, où il faudra en plus demander l’autorisation au personnel
de bord pour passer un appel. Ouf, pas de quoi, pour l’heure,
transformer le coucou en basse-cour...
Vidéo promotionnelle :
https://www.dailymotion.com/video/x50xl5_telephoner-avec-son-portable-en-avi_news
Air France expérimente le téléphone mobile en vol !
Zoulou Uniform- Jeunes Ailes Spirit
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Julien Robin- Jeunes Ailes Spirit
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L'aviation commerciale c'est peut-être pour une minorité une passion mais c'est bien là pour rendre un service aux gens, alors je ne vois vraiment pas pourquoi ça serait un mal. Et puis si AF le fait avant les autres c'est très bien pour la compagnie, ça la rendra plus attractive pour la clientèle professionnelle. La solution proposée ne provoque pas d'interférences avec les instruments de navigation, alors c'est tout bénef, non ?
Si ça va se traduire logiquement par des gens qui braillent dans leur téléphone, les compagnies aériennes ont j'imagine déjà prévu des solutions... Ne soyons pas benêts au point de croire qu'on va supporter des voisins qui téléphonent tout le temps
Et puis les PNC recevront bien quelques consignes pour éviter ce genre de désagréments !
Francesco- Fanatique
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Julien Robin- Jeunes Ailes Spirit
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C'est pas une question de technologie, c'est une question de comportements. Et là en France, y aurait vraiment besoin de redorer le blason qui est sévèrement décrépi, si vous voyez ce que je veux dire ...
Après, il y a une question d'utilité. Par exemple pour les business class je comprends que ca aie son importance et je respecte ca. Pour la classe touriste, j'ai un peu plus de doutes ... Vous répartirez vous-même cette "population" entre ceux qui ont le besoin et les "géneurs" (ou sans-gênes) ...
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Le transport aérien reste un moyen de transport onéreux, et comme tout service de qualité son amélioration s'assortit de précautions pour ne pas le dégrader...
Conseil pour le TGV: tu gueules et tout rentre dans l'ordre