Dimanche matin, le réveil sonne, et c'est dur, très dur vu l'heure
tardive de mon coucher. La tentation est grande de tendre le bras pour
arrêter cette sonnerie qui vous sort d'un sommeil bien mérité.
Heureusement, le son horrible de ce machine de malheur est la pour vous
rappeler qu'aujourd'hui n'est pas une journée à faire la grasse matinée.
L'ouverture des volets confirme qu'il fallait se lever. il fait encore
nuit, mais la pénombre laisse apparaître une atmosphère qui elle, s'est
reposée pendant la nuit, laissant les reliefs se dessiner avec une telle
précision qu'on est déjà sur que l'appareil photo va fumer aujourd’hui.
En route donc, j'arrive au club, mes passagers viennent d'arriver.
J'ouvre les portes du hangar, le jour commence à apparaître.
Installation à bord du DR400, tout le monde fini de se réveiller pendant
la chauffe du moteur. une fois l'avion et ses passagers en forme, c'est
le décollage, avec pour entrée en matière une prise d'altitude
zigzagante entre les reliefs, à la recherche des premiers rayons de soleil.
Une fois passé les premières crêtes, notre objectif est droit devant
nous, imposant, majestueux, nous montrant la voie à suivre.
Les dernières brument résistent en fond de vallée, essayant de combattre
les rayons de soleil dans une guerre perdue d'avance. Le soleil vaincra
aujourd’hui les brumes, les nuages, et tout ce qui pourrait entraver la
visibilité exceptionnelle de cette journée.
45 minutes. c'est le temps qu'il faudra pour nous rendre dans ce lieu
magique, et qui permettra de nous hisser péniblement à la hauteur de
maître des lieux.
La haut il fait froid et beau, et le manque d'oxygène a fait fondre
comme neige au soleil les 160cv de notre lycosaure.
Heureusement, comme c'est une journée parfaite, dame nature nous
gratifie, en plus de ce parfait ciel bleu azur, d'un petit vent du nord,
pas turbulent pour 2 sous, mais qui va bien nous aider à nous hisser sur
le toit de cet havre de paix.
La haut, contrairement à toute attente, personne!
Pas un avion, pas d'alpiniste, de benne de touriste, le désert, blanc,
immaculé et silencieux, juste pour nous, seuls au milieu du paradis blanc.
Eole nous ayant hissé suffisamment haut, il nous donne maintenant
l'autorisation par ces conditions exceptionnelles de faire plusieurs
tours du maître, nous permettant de l'admirer sous toutes ses coutures,
tantôt reluisantes sous les rayons du soleils levant, tantôt endormies
sur les faces encore dans la pénombre.
Rien ne perturbe ces tours de manége magique, ou on se sent bien petit,
et reconnaissant à dame nature de nous faire ce cadeau pour nous seul
aujourd’hui.
Mais il faut penser à redescendre, pour se réserver un peu de carburant
afin faire le tour du domaine, et admirer maintenant le dôme et
l'aiguille du maître; bien désert eux aussi.
Mais ou est donc passé tout le monde que l'on voit d'habitude à la file
indienne sur cette crête à peine plus large que les chaussures, et
permettant de grimper au sommet ou redescendre dans la vallée, ou sont
donc passé les nombreux oiseaux mécaniques que l'on voit habituellement
en ce lieux des qu'il y a un rayon de soleil ?
Aujourd’hui, il n'y a personne, rien que nous, sans personne pour faire
du bruit à la radio, bercé par le ronron de ce qui reste du moteur.
l'avion file et glisse le long des crêtes, laissant par son hombre son
empreinte furtive, demandant l'autorisation à Éole à chaque passage de col.
Glissant, effleurant, contournant chaque sérac, l'avion redescend,
courtisant l'aiguille par son passage, mitraillant ce lieu mythique pour
essayer de garder un souvenir qui de toute façon ne sera pas aussi
grandiose que la réalité.
La glisse continue, par cette vallée, qui comme tout le reste du massif
a chaud, et réclame sa dose de poudre pour boucher les déchirures que le
soleil lui a fait pendant l'été.
Epousant la forme des reliefs, nous passons prés de monstres
fantastiques, à la verticalité terrifiante, n'ayant pour certains de
verte que le nom, cachant leur dangerosité derrière ce tableau féerique,
car la montagne est une dame à respecter.
Dernier soubressauts dans les quelques glaciers luttant pour leur survie;
à la glace martelée par des rayons destructeurs d'année en année donnant
des reflets d'argent à ce tapis blanc. L'ironie voudrait laisser penser
que ça serait pour donner une consonance entre les reflets de la glace
et le nom du glacier; mais les profondes déchirures que l'on voit de
plus en plus haut chaque année nous rappelle tristement que le mal est
plus profond; et que nous sommes des privilégiés qui profitont d'un
spectacle qui ne sera peut être pas éternel.
Et puis c'est le retour, 45' de voyage silencieux, ou personne ne parle,
profitant des images que chacun à emmagasiné dans sa tête, et profitant
de l'automne qui commence à dérouler son beau tapis multicolore sur la
végétation se préparant pour la dure saison.
Une fois au sol, un sentiment de plénitude permanent, nous fait respirer
cet air si pur et limpide de cette journée exceptionnelle.
Il est l'heure d'aller manger, mais quelque chose nous dit qu'il faut
laisser l'avion dehors, on sait jamais ....
Un repas, un petite sieste, et l'après midi commence par une récolte de
champignon. Seulement, pas évident de regarder par terre lorsque ce ciel
d'une pureté rare nous fait de l’œil à chaque minute.
Dés le début de la récolte, la mission de décider mes compatriotes de
cueillette que ce n'est pas un temps à être au sol débute. Quelques
heures et pieds de moutons plus tard, la mission est accomplie, et il
faut maintenant redescendre chercher notre destrier des airs en bas dans
la vallée, pour profiter de soleil de cette fin d'après midi.
Paysage différents, mais terriblement beau sous ce ciel parfait et cette
nature d'automne, nous glissons à nouveau contre les reliefs puis dans
la vallée de la drôme pour profiter encore un peu de cette douceur qui
nous a bercée toute la journée.
Et puis il faut se résoudre, c'est le retour, au nid donc au sol. Apres
les fastidieuses taches de paperasse, on ne peut s'empêcher d'aller
bichonner cet oiseau mécanique, qui nous a permis de jouir de cette
journée magnifique.
Une fois propre et prêt à passer la nuit dans son hangar, je ferme les
portes derrières moi, tout le monde et parti, il fait bientôt nuit.
Quelques photos de cette lune resplendissante plus tard, il est temps
d'aller manger et se coucher, pour continuer à rêver.
Au dodo, demain c'est boulot...
André, lfke