L'Airbus A380 a atterri samedi à Francfort, premier grand aéroport international à accueillir le mastodonte des airs grâce auquel l'avionneur européen veut battre en brèche la suprématie de l'Américain Boeing dans les gros porteurs.
Enveloppé dans un brouillard matinal, le plus grand appareil de l'histoire de l'aviation civile s'est posé sans encombre à 06H57 GMT, soit trois minutes avant l'horaire prévu, pour se garer environ 10 minutes après à la porte E9 qui lui est réservée.
Il devait repartir dimanche vers 08h00 GMT après avoir subi toute une panoplie de tests, a précisé le patron d'Airbus, l'Allemand Gustav Humbert.
Sans doute découragées par une météo peu favorable, seulement environ 10.000 personnes ont suivi l'événement, selon la police, soit moitié moins qu'attendu par la société gestionnaire de l'aéroport de Francfort (Fraport). Il n'était certes pas aisé de bien voir l'appareil, d'un blanc presque immaculé, atterrir sur un fond de ciel grisâtre.
Auparavant, Airbus avait dû procéder à un changement d'appareil. L'exemplaire 1, prévu à l'origine pour ces tests, est resté à sa base de Toulouse (sud-ouest de la France) après la découverte d'un échauffement dans l'un de ses quatre réacteurs, a indiqué une porte-parole d'Airbus.
Le super-jumbo européen a été mis à l'épreuve pendant environ sept heures pour subir toutes les opérations aéroportuaires habituelles : embarquement et débarquement des passagers, des bagages, livraison de la nourriture, alimentation en kérosène, dégivrage, entre autres.
Mais ses dimensions -- 80 m d'envergure, 73 m de long et 24 m de haut -- transforment la routine en défi.
L'aéroport a notamment testé sa nouvelle structure de débarquement qui vise à canaliser au mieux le flot des passagers. Elle est organisée de telle façon que tous les passagers pourront monter ou descendre simultanément sur les deux étages de l'appareil via des passerelles.
L'avionneur est "très content" des tests, a déclaré dans la soirée un porte-parole d'Airbus, à l'exception d'un pont d'accès à l'appareil qui n'a pas donné une satisfaction optimale, les passagers n'étant pas totalement protégés de la pluie en montant dans l'A380.
Les tests en aéroport font partie du processus de certification de l'A380, entamé en avril à Toulouse et qui doit durer environ un an. Si tout va bien, l'avion décrochera à cette date, son certificat de navigabilité et pourra entrer en service fin 2006, d'abord sous les couleurs de Singapore Airlines.
L'A380 est capable de transporter de 555 à 840 personnes, soit 40% de plus que le Boeing-747. Le super-jumbo du concurrent américain avait atterri pour la première fois à l'aéroport de Francfort en 1970, s'est souvenu M. Bender.
C'est cette suprématie de plus de trente ans du géant de Chicago qu'Airbus veut combattre avec son très gros porteur. L'avionneur européen a reçu 159 commandes dont 149 fermes, mais doit dépasser le seuil des 250 appareils vendus pour rentabiliser le gigantesque investissement de 10 milliards d'euros.
Pour Boeing, l'avenir n'appartient pas aux très gros porteurs. Il mise sur une multiplication des vols directs -- sans correspondance -- assurés par des avions de taille moyenne mais à long rayon d'action, comme son "Dreamliner". Airbus veut lancer un concurrent sur ce créneau, l'A350.
source : AFP