Le premier bulletin mondial de prévision océanique donnant les courants, la température et la salinité de l'ensemble des océans du globe, de la surface au fond, avec 15 jours d'avance, a été présenté vendredi à Toulouse par son concepteur, le groupement d'intérêt public (GIP) Mercator.
Sa précision est d'un quart de degré à l'Equateur, soit environ 28 km.
Les applications de cette nouvelle capacité de prévision, qui existait déjà pour l'Atlantique Nord et la Méditerranée depuis 2001, sont infinies: sécurité en mer, soutien aux opérations navales, prévention des risques environnementaux et climatiques, industries de la pêche, courses au large.
"Lors du naufrage du Prestige en novembre 2002 près des côtes de Galice, en Espagne, la qualité des prévisions de Mercator a permis aux organismes opérationnels d'améliorer la mise en place du dispositif de prévention de la marée noire", a ainsi expliqué le jeune directeur de Mercator, Pierre Bahurel, 36 ans.
"Notre système est relativement simple: le satellite observe tout ce qui se passe à la surface des océans, des bouées donnent une vision de la verticale (température, salinité) et notre grande capacité, notre valeur ajoutée, c'est de combiner toutes ces informations pour retransmettre un champ tridimensionnel auquel s'ajoute la dimension du temps", a-t-il ajouté.
Mercator est né en 1995 et s'est constitué en GIP depuis 2002 en associant le Centre national d'études spatiales, le Centre national de la recherche scientifique, l'IFREMER (l'Institut français de recherche et pour l'exploitation de la mer), l'IRD (Institut de recherche pour le développement) Météo-France et le SHOM (service hydrographique et océanographique de la Marine. Il est implanté dans la banlieue de Toulouse et compte aujourd'hui une cinquantaine de collaborateurs.
Il faut à Mercator des ordinateurs extrêmement puissants: "Nous manipulons des teraoctets d'observations, de données, de fichiers que nous disséminons ensuite à travers le monde sur notre réseau qui compte actuellement 250 utilisateurs opérationnels", a précisé M. Bahurel.
Le rythme de fourniture de ces bulletins, actuellement hebdomadaire, est appelé à devenir quotidien dans un proche avenir.
Ces prévisions sont accessibles gratuitement par l'internet. Seule obligation: le retour d'information sur leur utilisation, jugé "excellent" selon Mercator.
La Marine nationale se montre intéressée: "les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de notre force océanique stratégique doivent avoir la bonne connaissance de l'environnement marin, notamment les structures thermiques, de manière à se placer dans les zones où ils sont le moins détectables par un adversaire éventuel tel qu'un sous-marin d'un autre pays", explique Gilles Bessero, ingénieur général de l'armement au SHOM, présent à la première mondiale toulousaine.
Quant au navigateur Joe Seeter, familier des courses transatlantiques à bord de voiliers de plus en plus sophistiqués, il a expliqué que Mercator était pour lui "le petit plus qui peut faire la différence".
Mercator entend devenir un centre d'océanographie opérationnelle de dimension européenne qui doit s'intégrer dans le pôle de compétitivité "aéronautique espace et systèmes embarqués" d'Aquitaine et Midi-Pyrénées, a souligné Martin Malvy, président du conseil régional de Midi-Pyrénées, avant de faire apparaître sur un écran géant la carte de prévision mondiale en couleurs du 25 octobre prochain.
source : AFP