LE DÉFI relevé, Eric Magnan, le cadreur des Chevaliers du ciel, fait appel à une nouvelle technologie qui intéresse déjà les majors américaines du cinéma. Opérateur de Skydance, tourné en partie en Imax dans le massif du Mont-Blanc, et d'un court-métrage sur la Patrouille de France, Magnan s'est retrouvé cette fois harnaché sur le siège éjectable d'un Mirage 2000 biplace pendant plus de deux cents heures. Pour tourner Les Chevaliers du ciel, pas question de porter la caméra 35 mm à bout de bras dans l'étroit cockpit. Avec les accélérations fulgurantes de l'avion de chasse, il risquait de voir s'encastrer le viseur dans son visage...
Un réservoir a été spécialement transformé pour embarquer, au lieu de 2 000 litres de carburant, quatre caméras orientées vers l'avant, les côtés et l'arrière. Alain Arpino, ingénieur au centre d'essais en vol de Dassault Aviation, a réalisé ce pod hors norme percé de fenêtres. L'ensemble, autonome, peut être installé sous n'importe quel avion au standard Otan. Il se fixe sous l'aile gauche ou droite en fonction du tournage. Dans le cockpit, un écran de contrôle permet à Eric Magnan de piloter sa batterie de caméras et de choisir les diaphragmes.«C'est très physique, se souvient-il. J'ai bien supporté les accélérations, sauf à Djibouti par 50 °C.»
Réserver des espaces aériens
Chaque mission d'une durée de cinquante minutes à deux heures (parfois avec ravitaillement en vol) a demandé une minutieuse préparation avec les sept pilotes affectés au film.
«Sur un storyboard, j'ai griffonné des petits dessins montrant les évolutions des avions que je demandais, explique Eric Magnan. Les séquences étaient validées par l'armée de l'air avec l'impératif de ne jamais hypothéquer la sécurité des vols. Autre contrainte, les enchaîner autant que possible pour rester dans l'enveloppe des crédits d'heures affectés aux entraînements habituels des pilotes.»
Quelques concessions toutefois, la base aérienne d'Orange où ont été tournées la plupart des images avec Djibouti était souvent ouverte tôt le matin ou tard le soir, pour profiter des meilleurs éclairages. De même, les nuages autour desquels virevoltent les monoplaces en course-poursuite n'étaient pas toujours présents dans le ciel de Provence. Traverser la France demande, certes, quelques minutes à ces avions ; négocier des espaces réservés avec le contrôle aérien pour tourner ce Top Gun à la française s'est révélé plus fastidieux. Parmi les meilleurs souvenirs d'Eric Magnan et de Gérard Pirès, le réalisateur, également pilote, les barriques, ces tonneaux enchaînés dans le sillage des réacteurs de l'Airbus A 340 de Qatar Airways sous lequel se cache l'avion dérobé lors du Salon aéronautique de Farnborough. Pirès avoue qu'il avait toujours rêvé de ces cascades dans l'azur.
source : leFigaro