La Nasa s'est fixé lundi le défi d'envoyer quatre astronautes sur la Lune en 2018, promettant de renouer avec l'exploration lunaire plus de 45 ans après la dernière mission Apollo.
Les astronautes seront envoyés sur la Lune pendant une semaine à bord d'une capsule lancée par une fusée qui doit être construite pour remplacer la navette spatiale, a annoncé l'administrateur de l'agence spatiale américaine, Michael Griffin.
"Nous parlons de retourner sur la Lune en 2018", a-t-il dit. La nouvelle capsule largement inspirée du premier programme lunaire américain devrait offrir aux astronautes une autonomie permettant de passer "quatre fois plus de temps" sur la Lune que les missions Apollo dont la dernière s'était achevée en 1972, a-t-il précisé.
Le véhicule d'exploration avec équipage (CEV), qui pourra voler pour des missions limitées à l'orbite terrestre à partir de 2012, sera propulsé par des moteurs dont la technologie provient largement de la navette spatiale, dont le retrait est prévu en 2010, selon la même source.
Ce plan laissera les Etats-Unis sans moyen d'accès habité à l'espace pendant deux ans, a convenu M. Griffin. A partir de 2012, le CEV devrait pouvoir transporter un maximum de six astronautes sur la Station spatiale internationale.
Le coût du programme est estimé à "104 milliards de dollars pour le premier retour sur la Lune", a poursuivi le patron de la Nasa en précisant que ce budget ne représentait que "55% du coût du programme Apollo" en dollars constants et ne nécessiterait pas une augmentation du budget de la Nasa.
Ce budget pour l'année fiscale 2006 est de 16,4 milliards et le plan de la Nasa est viable s'il est maintenu en dollars constants au cours des cinq prochaines années, a assuré M. Griffin.
Le programme "permettra d'établir une présence permanente sur le Lune" pour préparer les astronautes à des missions plus lointaines comme l'exploration de Mars, selon M. Griffin.
A Paris, l'Agence spatiale européenne (ESA) a réagi positivement. "C'est certainement quelque chose de positif, cela montre que les choses continuent à bouger", a déclaré le porte-parole de l'ESA, Franco Bonacina, en soulignant que Michael Griffin avait parlé de "coopération internationale". "Donc la voie est ouverte. On verra bien dans quelle mesure" cette coopération aura lieu.
Parlant du CEV, le patron l'a qualifié de "capsule Apollo qui aurait pris des stéroïdes" (anabolisant).
Le CEV sera lancé sur un nouveau lanceur constitué d'une fusée d'appoint du type de celles actuellement utilisées par la navette spatiale. Une fois dans l'espace, le véhicule ira s'arrimer à un vaisseau déjà en orbite comprenant l'unité permettant d'alunir.
Ce vaisseau automatisé aura été lancé par un lanceur lourd constitué de deux fusées d'appoint et cinq moteurs de navette, l'ensemble de cette technologie étant dérivé du lanceur utilisé actuellement par la Nasa pour placer la navette spatiale sur orbite. Ce nouveau lanceur pourra emporter une charge utile allant jusqu'à 125 tonnes.
A son retour, la capsule contenant jusqu'à quatre astronautes, ralentie par des parachutes, ira se poser dans le désert de l'ouest des Etats-Unis, près de la base aérienne d'Edwards (Californie), selon M. Griffin.
Le plan annoncé par le patron de la Nasa découle des objectifs d'exploration spatiale fixés par le président George W. Bush en janvier 2004, a-t-il rappelé.
L'enveloppe que la Nasa entend consacrer au retour sur la Lune pourrait faire grincer des dents au Congrès alors que les Etats-Unis sont menacés d'un déficit budgétaire record avec le coût de la reconstruction dans le sud dévasté par le cyclone Katrina, estimé à 200 milliards de dollars, une somme équivalente au coût de l'intervention américaine en Irak.
"Le plan sort au moment où le pays fait face à des défis budgétaires significatifs. Obtenir un l'accord là-dessus va demander de gros efforts dans l'environnement actuel et il est clair que l'implication du président sera nécessaire", a averti le démocrate Bart Gordon, membre influent de la commission des Sciences de la Chambre des représentants.
source : AFP