Paris a décidé vendredi de bannir Cameroon Airlines (Camair) pour des raisons de sécurité, à la surprise du Cameroun, et Air France a renoncé dans la foulée à atterrir à Douala en invoquant un défaut possible d'assistance sur cet aéroport.
De sources concordantes, Air France aurait craint des mesures de rétorsion en atterrissant à Douala, après le bannissement de Camair du territoire français.
Le ministre camerounais de la Communication Pierre Moukoko Mbonjo a assuré vendredi soir qu'"aucune mesure de représailles n'était envisagée par les autorités" de son pays contre la compagnie Air France au Cameroun après l'interdiction de la Cameroon Airlines en France. Le ministre était interrogé sur des informations venues de France évoquant de possibles mesures de rétorsion contre un avion de la compagnie française qui devait atterrir à Douala (sud-ouest du Cameroun) vendredi en fin d'après-midi.
"Il n'y a pas eu de problème et aucun incident n'a été signalé à l'aéroport de Douala durant toute la journée", a déclaré pour sa part à l'AFP un responsable de la Camair ayant requis l'anonymat.
La Direction générale de l'aviation civile française (DGAC) a annoncé vendredi la suspension immédiate des vols de Camair (Cameroon Airlines) "pour des raisons de sécurité" et son interdiction en France pour une durée indéterminée.
Après avoir repéré à plusieurs reprises depuis le mois de mai "de nombreux écarts aux normes internationales" sur les appareils de Camair, la DGAC française avait demandé un audit indépendant avant le 15 septembre, mais celui-ci "n'a pas été réalisé dans des conditions satisfaisantes", a expliqué une de ses porte-parole.
Les manquements constatés portaient notamment sur une documentation périmée, des pneus usés au-delà des limites, ou encore des chargements en soute non conformes.
"La suspension pourra être levée dès que des résultats d'audit satisfaisants auront été transmis", conclut-elle.
La compagnie, détenue à 96,4% par l'Etat camerounais et à 3,6% par Air France, opérait jusqu'à présent 4 vols aller-retour par semaine entre Roissy et la ville de Douala.
Surnommée "Air Peut-être" pour ses retards légendaires, la Camair, en sérieuses difficultés financières depuis plusieurs années, est en passe d'être privatisée.
Le transporteur camerounais rejoint cinq autres compagnies sur la liste noire française: la LAM (Linhas Aéreas de Moçambique), Air Koryo (Corée du nord), Air Saint-Thomas (Etats-Unis), International Air Service (Liberia) et Phuket Airlines (Thaïlande).
Cette décision a aussitôt provoqué la réaction du gouvernement camerounais. Le ministre de la Communication Pierre Moukoko Mbonjo s'est déclaré surpris, tout en assurant que "cette interruption de vol ne devrait pas durer longtemps".
"Il est normal que les autorités françaises souhaitent avoir des garanties supplémentaires, mais nous ne nous attendions pas à ce que la France prenne une telle décision au moment où est conduit (un) audit indépendant", a déploré M. Moukoko Mbonjo, interrogé par l'AFP.
"L'Autorité aéronautique camerounaise avait déjà procédé à un audit dont les résultats n'étaient pas alarmants et un autre audit est actuellement conduit par le cabinet français indépendant Sofravia", a affirmé le ministre, en rappelant également que la maintenance de Camair était opérée en France.
Simultanément, un vol Air France à destination de Douala (Cameroun) faisait demi-tour vendredi vers Roissy, où il a atterri peu avant 18h00.
"Les opérations d'assistance pour Air France à l'aéroport camerounais ne pouvaient être absolument garanties", a commenté la porte-parole de la compagnie française, sans autre précision.
Le transporteur refusait pour l'heure de préciser si sa liaison quotidienne Paris-Douala allait être suspendue temporairement.