Si ce déjeuner a pour but de «rendre hommage aux pompiers du ciel» et de témoigner de «la solidarité» du ministre aux proches des pilotes disparus, il pourrait aussi être l'occasion d'un petit rappel des règles. Le communiqué officiel paru vendredi ne s'en cache d'ailleurs pas : lors de cette rencontre, Nicolas Sarkozy entend ainsi «insister sur les mesures de sécurité lors de l'engagement des personnels, en fonction des enjeux à défendre, afin d'éviter autant que possible d'autres drames». Le mois dernier, suite au troisième accident de la saison, le ministre de l'Intérieur avait déjà souhaité engager une réflexion «sur la doctrine d'emploi des moyens aériens», estimant sans doute que le recours systématique aux avions de lutte anti-incendies ne se justifiait pas dans tous les cas.
Parallèlement à cette question sur l'organisation et le déploiement des secours, celle relative au tempérament supposé intrépide des pilotes est elle aussi soulevée, mais à demi-mot. Les intéressés assurent «ne jamais prendre de risques pour sauver un hectare de forêt». «Les cow-boys n'ont pas leur place ici, témoigne un responsable. Même avec vingt ans d'ancienneté, il est arrivé que certains soient immédiatement remerciés parce qu'ils avaient franchi la limite.» Interrogé cet été par Le Figaro sur la base de Marignane, un pilote de Tracker, ancien pilote de chasse, avait par ailleurs reconnu ne jamais prendre le risque de «forcer son talent». «Il suffit qu'on invente un petit plus en vol pour se mettre aussitôt en danger.»
La compétition entre pilotes de Tracker – spécialisés en matière de guet aérien et de feux naissants – et pilotes de Canadair, appelés à intervenir sur les feux déclarés, ne serait, quant à elle, que «pur fantasme». Sur la base, chaque flotte occupe des locaux différents ; il n'y a «ni envie ni mépris, ni jalousie»...
Enfin, réunis à midi autour de Nicolas Sarkozy, les pilotes de la Sécurité civile ne manqueront certainement pas d'évoquer les deux enquêtes en cours concernant les crashs mortels du mois d'août. Le dernier en date, survenu il y a trois semaines en Ardèche, avait causé la mort d'un commandant de bord de Tracker en formation et de son instructeur.
Alors que le Bureau enquêtes accidents Défense poursuit ses investigations, l'hypothèse d'une perte de contrôle consécutive à un problème de trajectoire demeure la plus plausible, aucun problème d'ordre mécanique n'ayant été décelé. De fait, l'avion se serait écrasé sur le relief alors qu'il était en passe de présentation pour s'aligner sur l'axe de largage. Piégé par un vent rabattant, le pilote aurait tenté un virage serré, avant de se redresser. En vain.
Ce ne sont que des hypothèses et nous attendons bien entendu le rapport du BEA.
source : Le Figaro